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À l'origine, cette terre
abrite une dépendance de la châtellenie de Nonette, vraisemblablement un
bâtiment de stockage fortifié. Nonette fait partie de l'apanage de Jean, duc
de Berry et frère de Charles V. Vers 1370, la famille d'Ambillon achète la
seigneurie de La Grange et y bâtit un château. Pour cette seigneurie, les d'Ambillon
rendent hommage au duc de Bourbon et d'Auvergne puis directement au roi de
France suite au rattachement du duché d'Auvergne au domaine royal en 1527.
Le château est vendu à Hugues de Pons. En 1592, alors que Gilbert de Pons
défend le château de Nonette, les Ligueurs attaquent et brûlent le château
de La Grange. La demeure est reconstruite peu après. À la Révolution, le
château est saisi et vendu comme bien national. Un arrêté du district
d'Issoire du 4 mai 1793 prévoit la destruction de ce monument du despotisme
qui pourrait servir de refuge aux brigands et servir les complots
malveillants (cité par Serres). La forteresse n'est que partiellement
démolie, il subsiste une partie du rez-de-chaussée. Le château est acheté
par l'ancien propriétaire, Michel-Denis de Pons, marquis de Pons et de La
Grange. Le neveu de ce dernier vend le château au vicomte de Matharel,
receveur général des finances à Bourges. Ce dernier fait reconstruire le
château et le décore avec faste. Le château est acheté en 1916 par la
famille de Lastic qui modifie légèrement la distribution du rez-de-chaussée.
Le château est reconstruit sur ses fondations médiévales et légèrement
agrandi. Au cœur d'un parc paysagé, Honoré Vianne recrée une forteresse
idéale. L'enceinte quadrangulaire est protégée par des douves à l'est et par
une herse à l'ouest. Ces défenses, tout comme les bastions avec archères
sont surtout décoratifs: les douves n'accueillent que quelques dizaines de
centimètres d'eau et ne sont présentes que sur la façade donnant sur l'allée
d'honneur, le pont levis qui les enjambe est assez petit et paraît bien
fragile (il n'est sans doute guère utilisé et depuis une date indéterminée
(XIXe siècle?) il ouvre sur un puissant canon qui bouche le passage et
complète le décor militaire). La cour du château est protégée sur tous les
cotés par des courtines crénelées avec bastions d'angles et tours. Mais la
façade postérieure du château est très largement ouverte sur le jardin et
sur le parc. Le château et ses fortifications sont en pierres claires. Le
donjon médiéval est surélevé et couronné de merlons et de mâchicoulis. On
lui ajoute à l'est une chapelle surmontée d'une pièce à vivre dotée d'un
élégant balcon néo-gothique. Au sud-ouest, le corps de logis est relevé on
lui ajoute un étage, un avant-corps sur chaque façade et il est flanqué de
collatéraux bas sur toute la longueur de la cour. Ce corps de logis est
prolongé à l'extrémité de l'enceinte polygonale par une petite aile en
retour de deux niveaux, cantonnée coté jardin par une forte tour circulaire.
Sans doute inspiré par le néo-gothique anglais et par le style
baronialécossais, Vianne couvre tous les bâtiments de merlons et cantonne
tous les angles de tourelles en encorbellement, parfois si petites qu'elles
sont pleines. Le donjon conserve un toit terrasse (qui posera de gros
problèmes d'infiltrations) tandis que les parties habitables sont dotées de
toits à deux pans à faible pente qui, depuis le sol sont invisibles.
L'entrée principale est située dans l'avant-corps sur la cour, auquel Vianne
donne l'allure du donjon du château de Balmoral. Les travaux d'envergure
menés par le vicomte de Matharel et Honoré Vianne donnent le jour à un
château fort qui mêle les plans d'une forteresse médiévale et le goût du
décorum et du pittoresque si prisés à l'époque, avec des gargouilles et
quelques dentelles de pierre, avec une nfluence anglaise indéniable. Le
nouveau château a tous les dispositifs souhaitables pour une forteresse tout
en ayant assez de fantaisies pour rompre l'austérité de ce type de
construction. Les décors intérieurs sont aussi très marqués par les arts du
Moyen Âge. On fait même appel à Anatole Dauvergne, restaurateur des
peintures de l'abbatiale Saint-Austremoine d'Issoire, pour créer des
ensembles d'un néo-gothique érudit dans la chapelle et dans les pièces de
réception. La serre mauresque est située en contrebas au nord du château. On
y accède par un grand escalier ponctué de deux bassins, dont un avec jet
d'eau ou fontaine. La serre est composée de trois parties: celle du centre
est la plus vaste elle donne à chaque extrémité sur une annexe. La salle
centrale est animée par douze arcs outrepassés et des répétitions de ces
motifs sur le mur du fond qui donne l’impression que l'architecture se
prolonge. Le centre de la salle est occupé par une fontaine qui complète
l'ambiance. Initialement, la pièce servait à conserver des plantes
exotiques. Le bâtiment est agrandi par une serre métallique, assez peu
esthétique, mais qui devait servir pour hiverner les jeunes plants et
éventuellement les semis, les boutures et les plantes en pot de la terrasse
ou du château. Au sud-ouest du château, sont élevées de vastes
dépendances: trois ailes formantun U et la cour est fermée par une aile plus
basse dont la façade sur cour est concave et aminée par des arcades qui
permettent de circuler à l'ombre ou à l'abri de les intempéries.
L'architecture est similaire à celle des grandes exploitations agricoles et
viticoles des environs d'Issoire, avec en plus des façades polychromes
(briques rouges et enduit couleur beurre frais). Ces bâtiments permettent
d'entreposer des voitures et les chevaux. Organisés comme un corps de
ferme,ils abritent peut-être également une petite ferme modèle avec quelques
animaux. Ce qui permettrait aux maîtres de maison de jouer aux bergers, tel
que cela se pratique depuisla fin du XVIIIe siècle chez des émules de
Marie-Antoinette. Ces dépendances servent à la gestion de la partie du
domaine tournée vers l'agrément: le jardin, la serre et le parc. La partie
agricole est excentrée, gérée par un régisseur dont la demeure etles
bâtiments d'exploitation sont placés hors du parc, à moins d'un kilomètre de
la résidence des maîtres. Le château est acheté en 1985 par la famille van
Bronkhorst qui transforme le parc en camping avec chalets et bungalows et
aménage l'étage du château pour la location de chambres où le mobilier
néo-gothique côtoie les décors orientaux et les ajouts modernes.
château de la Grange Fort 63500 Les Pradeaux, tel. 04 73 71 02 43, chambres
d'hôtes et camping.
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