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Construit aux confins de tout un territoire
de pays traversés par les gaves et les guerres, il domine la plaine. On le
voit de partout et du haut de sa tour, on y voit bien plus loin. L’horizon
est sublime et vertigineux à la fois. Les Landes, le Pays
basque, le Béarn, la Bigorre, le Gers, Armagnac, les Hautes-Pyrénées... La
tour prend garde. Afin de se protéger des ambitions armagnacquaises et
françaises, Gaston III de Béarn, surnommé Fébus, remet en état toute sa
ligne de forteresses et bastides au long des Pyrénées. Dans le contexte de
fortification du Béarn et de la création d’un état pyrénéen, il fait d’abord
construire Morlanne en 1373, et choisit le château de Moncade à Orthez,
hérité de sa grand-mère Marguerite de Moncade, comme résidence principale.
Pour Montaner, dont il estime la position stratégique aux confins de
l'Armagnac et de la Girorre,il fait appel à l'architecte Sicard de lordat
qui y édifie, entre 1375 et 1380, une forteresse de briques et de galets,
aidé dans cette entreprise par les cagots de Béarn, incomparables maçons et
charpentiers. Avec ses 40 mètres de hauteur, le donjon d'un carré parfait de
13,70m de côté, possède des murs de brique épais de trois mètres et est l'un
des plus puissants de tout le midi de la France. L'enceinte a la forme d’un
polygone irrégulier dont les vingt pans épousent la configuration du
terrain. Chaque angle était renforcé par un contrefort rectangulaire. Le
chemin de ronde était protégé par des créneaux permettant aux soldats non
seulement de se protéger mais également de tirer à l'arc ou à l’arbalète. A
l'intérieur de l'enceinte, une cour centrale laisse apparaître la structure
des différentes pièces qui composaient le château: cuisine, chambre
seigneuriale, grande pièce de réception et d'apparat, chambres de la
garnison, magasins, four à pain... ainsi que la galerie qu'il fallait
emprunter pour accéder à toutes les pièces qui ne communiquaient pas entre
elles afin d'éviter tout risque de mutinerie.
L'étendard sang et or flotte toujours au vent sur le haut du donjon.
Pourtant le château de Montaner a connu bien des vicissitudes. La forteresse
sera tant soit peu consolidée lorsque le capitaine Henri de Montesquieu
d’Artagnan, en fut nommé gouverneur. Il transforma le donjon en prison,
combla les douves et rajouta une seconde porte pour acheminer les
prisonniers par la courtine sud. Plus tard, monsieur Du Plessis fit
l’acquisition du "chantier". Il commença la destruction des murailles et en
vendit les pierres transformant le château en carrière de brique. En 1854,
le donjon est classé, l'escalier en colimaçon rajouté et le premier étage
devient la mairie et l’école du village. C’est bien plus récemment, en 1968
et jusqu'en 1983, que l'Association Pierres et Vestiges, sous l’impulsion et
la direction de monsieur et madame Mounetou, entreprit des travaux de
dégagements et de restauration. Ces travaux, effectués par des jeunes
pendant leurs vacances ont permis d'éviter la ruine de ce magnifique témoin
du passé. Le couple Mounetou a également participé à la restauration des
remparts de Navarrenx. Le département, propriétaire du château, continue la
restauration, se charge de l’entretien et de l’aménagement du site.
L'Association des Amis du Château de Montaner participe à l’animation du
château et présente des expositions sur l’histoire de Montaner, du Béarn
ainsi que des expositions temporaires d’art contemporain. Elle organise
aussi des conférences et des spectacles comme les Médiévales au mois de
juillet, où montreurs d'ours, troubadours, spectacles de chevalerie et
banquet médiéval font revivre la grande cour du château. De nombreuses
activités sont proposées aux plus jeunes comme la chasse au trésor et des
ateliers sur le thème du Moyen Âge.
Fils de Gaston II le Preux et d’Aliénor d’Aquitaine, Gaston III dit Fébus,
comte de Foix, est né à l'hôpital d’Orion en 1331 et est mort en 1391 après
une longue chasse à l’ours. Gaston II étant mort à Séville, c’est sa mère
qui assure la régence jusqu’à ses 15 ans. Il a hérité du comté de Foix
(actuellement l'Ariège) et de Béarn, des vicomtés de Marsan et de Gabardan
(actuellement dans les Landes et le Gers), du Nébouzan (autour de
Saint-Gaudens dans la Haute-Garonne), de Lautrec et des Basses-Terres
d’Albigeois (une partie du Tarn actuel). Gaston III ne participe pas à la
guerre de Cent Ans et, le 26 septembre 1347, en déclarant qu’il ne tient son
pays que de Dieu et de son épée, il rend le Béarn neutre dans ce conflit.
Pourtant la vie de Gaston se passe dans des guerres continuelles; il fait
ses premières armes en 1345 contre les Anglais, part en 1356 en Prusse pour
combattre les Infidèles dans les rangs des Chevaliers teutoniques; contribue
en 1358, pendant la Jacquerie, à la délivrance de la cour de Meaux. Il
combat le comte d’Armagnac, qui manifestait des prétentions sur le Béarn
(1372) et le fait prisonnier. La rançon qu’il demande pour sa libération lui
permet d’entretenir une cour fastueuse. Le 4 août 1349, il épouse à Paris
Agnès de Navarre, fille de Philippe III de Navarre et de Jeanne II de
Navarre, proche parente du roi de France. Au cours d’une visite qu'il rendit
à son fils, Fébus, réputé pour son caractère violent, perdit son sang froid
et lui porta un coup mortel à la gorge, faisant ainsi disparaître son seul
héritier direct (1382). Considéré comme l’un des plus grands chasseurs de
son temps, il écrit un livre qui fera référence: le Livre de chasse, l’un
des meilleurs traités médiévaux consacrés au sujet. L'ouvrage, dicté à un
copiste de 1387 à 1389, est écrit en français alors que la langue maternelle
du comte de Foix était la langue d’Oc. Le livre restera le grand classique
des ouvrages consacrés à la chasse pendant des siècles.
Éléments protégés MH : le donjon ; les ruines de l'enceinte (y compris
celles des ouvrages avancés) : classement par arrêté du 18 mars 1980.
château fort de Montaner 64460 Montaner, ouvert au public en juillet et
d'août tous les jours de 10h à 19h, du 1er avril au 30 juin et du 1er
septembre au 1er novembre tous les jours sauf mardi de 14h à 19h.
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