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Les origines du château d'Aix ne sont pas précisément connues. Dans une
charte du 24 avril 1011, le roi de la Bourgogne transjurane, Rodolphe, donne
la villa d'Aix à sa femme en précisant qu'elle est sedem regalem, siège
royal. L'appellation sedem regalem fait allusion au statut royal de la
villa, hérité sans doute du fisc carolingien. On peut supposer la présence
d'une aula royale, vraisemblablement une résidence, peut-être installée dans
les murs de l'ancien temple romain encore debout. Un siècle plus tard, en
1172, Aix fait partie des biens du comte Humbert III de Savoie, dit Humbert
le Bienheureux. C'est la famille de Savoie qui inféode la seigneurie,
peut-être dans un premier temps à une famille d'Aix, puis à la famille de
Seyssel qui apparaît dans les textes pour la première fois en 1235. La
construction d'un donjon carré, souvent appelé tour dans les documents
d'époque moderne, est vraisemblablement l'oeuvre d'un membre de la famille
de Seyssel. Elle peut être rattachée à la deuxième moitié du XIIe ou à la
première moitié du XIIIe siècle, à en juger par les photographies de
l'édifice réalisées avant sa démolition en 1873. Le château d'Aix est
mentionné pour la première fois en juin 1308, comme lieu de signature d'un
acte de vente de biens à Guillaume de Seyssel. Au XIXe siècle, le château
s'appuyait sur le rempart de la ville, côté sud, et avait sa propre enceinte
bordée d'un fossé sur les autres côtés. Il était protégé, à l'ouest, par une
tour carrée, appelée tour de la Muraille, et par un donjon à l'est. Ce
dernier s'est peut-être substitué au temple réutilisé plus anciennement afin
de répondre à des exigences militaires et ostentatoires plus fortes. Lors
des fouilles réalisées en 1988, les vestiges archéologiques de ce premier
château se révélèrent pauvres ; seules des traces de l'enceinte et du
donjon, détruit en 1873, furent mises au jour, sans cependant qu'elles
puissent être datées. Des fondations de murs et des tessons de céramique du
XIe siècle ont été repérés à l'est du temple.
En 2005, une analyse dendrochronologique de plusieurs poutres du plafond
conservé au rez-de-chaussée actuel du corps de logis propose de dater
l'abattage des bois autour de l'année 1400. La deuxième moitié du XIVe
siècle et la première du XVe correspondent à une période faste pour la
famille de Seyssel, dont le rôle auprès du comte de Savoie est toujours
aussi éminent. D'après les archives de la famille de Seyssel, la réalisation
de l'escalier d'honneur a été effectuée en une seule campagne pour la
baronne Isabeau de la Roche-Andry (ou Roche-Chandry) , après 1571, date de
son mariage avec François de Seyssel. Il menait à une petite chapelle,
construite au second étage. Des travaux sont également mentionnés sur la
tour de la muraille au XVIIe siècle : Louis de Seyssel fit percer quatre
fenêtres et construire un escalier pour accéder au premier étage. La famille
de Seyssel y conservait alors ses archives. Cette tour fut détruite au
XVIIIe siècle. A cette époque, l'édifice, qui comportait des communs, était
fréquemment affermé avec les revenus du marquisat d'Aix. Le château
proprement dit comprenait alors deux appartements à l'étage. Un acte dressé
le 25 février 1757 nous informe de dégâts importants commis par les troupes
espagnoles entre 1742 et 1748. En 1793, le château est devenu hôpital
militaire. En 1794, les mâchicoulis de la tour, vraisemblablement le donjon,
furent démolis ainsi que le crénelage de l'enceinte. Le château servit aussi
de logement aux militaires en cure, avant d'être vendu à un particulier. Ce
dernier le loua aux soeurs de Saint-Joseph, en 1813, pour l'établissement de
l'hospice municipal fondé par la reine Hortense. En 1821, le château fut
racheté par le marquis Thomas de Seyssel d'Aix qui loua le rez-de-chaussée
et le premier étage, en 1824, à la Société du Cercle nouvellement créée. Il
fut alors transformé en Casino suivant les plans de l'architecte Mélano. Le
corps de logis fut prolongé à l'est pour créer une salle de bal à
l'italienne surmontée d'appartements et fut également agrandi à l'ouest pour
y abriter une bibliothèque et une orangerie entre 1832 et 1849. Le temple de
Diane fut momentanément transformé en théâtre
En 1866, la Ville acheta le château pour y installer l'hôtel de ville ; à
cette occasion des travaux d'aménagement furent entrepris. Le percement des
ouvertures dans la façade est du corps de logis, partie pourtant ajoutée peu
de temps auparavant, a provoqué l'écroulement de la façade en question et la
nécessité de sa réfection complète. L'architecte de la ville a pris grand
soin de réaliser les nouvelles ouvertures en respectant le style des
fenêtres à croisée de l'escalier. Par la suite, les aménagements intérieurs
entraînèrent le déplacement de cloisons et le percement de nouvelles
ouvertures : en 1882, deux fenêtres furent ouvertes dans la façade sud pour
éclairer les bureaux du maire et le secrétariat et des cloisons furent
abattues au premier étage pour aménager la salle du conseil municipal. En
1888, la création d'un logement pour l'architecte de la ville, au second
étage, nécessita le percement de nouvelles baies. En 1908, un incendie
détruisit les combles et détériora le plancher du second étage. En 1921, ce
dernier fut donc changé. L'architecte Jules Pin aîné, à qui fut confié la
restauration, étudia la possibilité de transférer les services
administratifs pour laisser la place à un musée-bibliothèque. Le projet
n'aboutit pas, faute de financement, et les services communaux réinvestir
l'édifice. Le cloisonnement intérieur fut une nouvelle fois modifié en 1926.
Des bureaux remplacèrent le hangar aux pompes installé au rez-de-chaussée.
En 1932, la salle du conseil fut agrandie et décorée de boiseries qui sont
conservées aujourd'hui. En 1967, lors de la restauration de la façade sud,
des encadrements de baies du second étage et la dalle du balcon du premier
étage furent remplacés. En 1972, le rez-de-chaussée qui abritait le
commissariat de police fut transformé, suivant les plans de Georges Noiray,
pour recevoir les services de l'Etat civil et, en 1974, la ville fit
entièrement décorer et remeubler la salle du conseil municipal en style
Louis XIII. En 1978, la grille en fer forgé située à l'entrée de la tour
d'escalier fut remplacée par une porte, puis, en 1979, toutes les
menuiseries extérieures furent refaites, et les façades nord, est et ouest
ravalées. En 1988, la ville a effectué le ravalement de la tour d'escalier.
De l'édifice d'origine composé de plusieurs bâtiments, donjon, cour et
basse-cour, entourés d'une enceinte avec tour, ne subsistent que l'ancien
corps de logis auquel est accoté, au nord, une tour d'escalier hors-oeuvre,
de plan carré, construite en grand appareil de calcaire blanc. Le corps de
logis, de plan rectangulaire allongé, a été prolongé vers l'ouest, mais
l'ancien mur extérieur, très épais, est encore visible à l'intérieur. Ce
corps de logis a été également relié au temple de Diane, situé à sa droite,
derrière la tour d'escalier, pour créer une circulation à chaque niveau.
Enfin l'ensemble a été agrandi par l'adjonction au nord-est, dans l'angle
formé par la tour et le temple, d'un corps de bâtiment de deux étages dont
la façade reprend l'ordonnancement et les modénatures des parties anciennes.
Sur son élévation latérale droite, aveugle, a été placée un baie gothique
provenant de l'ancienne église. L'ancien corps de logis, construit dans sa
plus grande partie en moellons assisés, compte un sous-sol, un
rez-de-chaussée, deux étages carrés et un comble à surcroît, couverts d'un
toit à longs pans en ardoise. Ses façades sont percées de baies à meneau et
traverse et encadrements à moulures prismatiques, disposées en travées. La
porte d'entrée, sur le pignon oriental est en accolade. La tour d'escalier
construite en moyen appareil de calcaire, est couverte d'une flèche carrée,
à égout retroussé, en ardoise. Sa façade principale présente deux travées
d'ouvertures semblables à celles du corps de logis, dont une porte en
accolade. A l'intérieur, l'escalier à quatre noyaux, se développe autour
d'un jour carré, sur toute la hauteur de la cage couverte d'une voûte
d'ogives. Les noyaux sont constitués de colonnettes superposées et des
voûtes d'ogives supportent les onze paliers carrés et les volées droites de
quatre ou cinq marches chacune.
Éléments protégés MH : l'escalier du château des marquis d'Aix : classement
par arrêté du 7 juillet 1890. L'hôtel de Ville, à l'exception de l'aile
Nord, dit bâtiment du syndicat d'initiative : classement par arrêté du 11
décembre 1942.
château de Aix-les-Bains, place Maurice Mollard, 73100 Aix-les-Bains,
propriété de la commune, hôtel de ville.
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