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Les archives n'attestent
véritablement l'existence du château qu'en 1147 mais l'on situe sa fondation
vers 1120. C'est Hugues II Campdavène, comte de Saint Pol qui en serait
l'instigateur. Au XIIe siècle, par l'hommage qu'Hugues IV Campdavène rend au
roi Philippe Auguste, Lucheux demeure dans le giron des comtes de saint Pol
mais relève directement du royaume. Lorsque Hugues IV Campdavène meurt à
Constantinople, en 1205, sa fille fait passer le château à la famille de
Châtillon, Guy Ier de Châtillon et ensuite Guy II remodèlent les fonctions
militaires et enrichissent l'ensemble d'éléments résidentiels dans le
deuxième quart du XIIIe siècle. Le donjon et la grande salle sont
reconstruits. Le château devient alors, avec ses jardins, son verger et la
forêt, un cadre agréable apprécié des comtes de Saint-Pol et de divers Rois
de France qui y séjournent régulièrement à partir du XIVe siècle. Après la
bataille d'Azincourt en 1415, le château est très endommagé. Pierre de
Luxembourg le répare et en profite pour moderniser l'arsenal militaire en
1431. Louis de Luxembourg, son successeur, complète ce dispositif par la
construction de la tour Neuve, il est exécuté en1475 pour avoir voulu ériger
Lucheux en une principauté autonome et puissante de par sa situation à la
limite du royaume de France et des états bourguignons. Le comté de Saint Pol
est alors confié à Guy Pot, bailli de Vermandois avant que Charles VII ne le
rende à Marie de Luxembourg. Au XVIe siècle le château doit encore subir les
assauts répétés des Anglais et des Impériaux, qui en 1522 exercent un siège
de huit jours à l'issue duquel seul le donjon résiste. Malgré les
réparations importantes qui furent entreprises, le château ne peut se
relever et en 1640, Richelieu donne l'ordre de le démanteler. Après sa
saisie comme bien national, les parties les plus anciennes (donjon et
résidence en basse cour) sont à l'état de ruines, les restes en élévation
ont été restaurés et maintenus hors d'eau. L'ensemble des vestiges est
compris dans une enceinte polygonale irrégulière, percée de deux portes et
renforcée de plusieurs tours. Elle est cernée par un fossé sec, aujourd'hui
comblée au sud. De ce fait, et contrairement au modèle philippéien, les
bâtiments sont construits de manière anarchique et sa surface est immense.
La porte du Bourg menait à la ville. Formée d'un berceau brisé entre deux
tours circulaires coiffées de poivrières, elle était autrefois protégée par
une herse et un pont-levis à flèche, fonctionnant donc sur un système de
contrepoids, ainsi que l'attestent les rainures verticales dans la partie
supérieure. La deuxième porte, celle du Haut-Bois qui donnait accès à la
forêt, est flanquée de deux massifs contreforts rectangulaires aux allures
de tours qui, jusqu'au XVIIIe siècle étaient couronnées d'échauguettes.
Cette seconde entrée était, elle aussi, dotée d'un pont-levis. A droite de
la porte, la courtine talutée à sa base, conserve des mâchicoulis en arc
plein-cintre bandés sur des contreforts peu saillants. Retranché derrière
les mâchicoulis, le chemin de ronde en espalier s'étendait sur trois
plates-formes séparées par des escaliers. Aujourd'hui ce dispositif a
disparu mais l'on peut l'imaginer grâce à l'existence de lits de silex noir
bien distincts dans les murs en calcaire blanc. A l'intérieur de l'enceinte,
l'élément fort du dispositif militaire est le donjon dont il ne subsiste
plus que la partie orientale. Ce cylindre cantonné de quatre demi-tourelles
s'assoit en encorbellement sur une base plus ancienne carrée renforcée de
contreforts semi-circulaires, correspondant au donjon roman. De longues
archères présentes dans l'axe de la tour centrale et sur chacune des
tourelles attestent du rôle essentiellement défensif de ce donjon, et ce
malgré les dimensions des salles, proches de celles des pièces
résidentielles des châteaux, en particulier la pièce octogonale au centre du
bâtiment. Le caractère résidentiel du château est attesté par la
conservation de la grande salle rectangulaire ouverte vers l'ouest par sept
fenêtres géminées aux linteaux décorés de trèfles trilobés.
Éléments protégés MH : la totalité des vestiges du château c'est à dire
l'enceinte et l'ensemble des bâtiments situés à l'intérieur: classement par
arrêté du 30 mars 1965.
château de Lucheux 80600
Lucheux, tél: 03 22 32 31 00, propriété de la commune, aujourd'hui les
ruines sont en cours de restaurations, les visites du château sont remises
en cause pour une dure indéterminée.
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