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La famille Puilaurens est
établie de longue date au hameau des Fortis puisque déjà en 1646, plusieurs
Puilaurens sont propriétaires de maisons et de terres, vignes et prés au "masage"
des Fortis. En 1831, lorsque le cadastre napoléonien de Lisle est dressé,
François Puilaurens (1762-1842) est propriétaire d'un domaine viticole aux
Fortis à la tête duquel se trouvent une grande maison et un chai attenant
(parcelle G 76). Un pigeonnier et diverses bâtisses avoisinants complètent
encore le domaine. Le successeur de François est son fils, Pierre-Paul
Pulaurens qui meurt sans descendance et c'est son frère cadet Antoine
Puylaurens (1806-1884) qui hérite du domaine en 1865. C'est lui qui
entreprend la construction du château puisqu'à sa mort, le château est dit
"en construction" dans l'acte de succession. Le domaine est alors composé de
78 hectares de "terres, près, bois, vignes, chenevières, friches et patures"
apportant un revenu annuel de 9360 Francs. L'héritier d'Antoine est Auguste
ou Augustin Puylaurens. En 1887, les matrices cadastrales signalent une
"construction nouvelle" pourvue de 52 ouvertures. L'ancienne maison
familiale et le chai attenant sont détruits en 1890, signe que le nouveau
château est habitable à cette date. Auguste Puylaurens garde le château
jusqu'en 1905, au moment où il est vendu à la Société immobilière du Tarn.
Le château est ensuite aux mains d'une famille de négociants en vin de
Gaillac, les Daviau-Dubousquet. Dans leur notice sur le château, André
Bermond et Alain Fournié, habitants de Lisle-sur-Tarn, témoignent qu'en
1925, Jean Picou en devint propriétaire jusqu'en 1940, date à laquelle il
est repris par un homme d'affaire parisien, M. Scharff avec le concours de
M. Deval, agent immobilier à Albi. En 1959, il devint la propriété d'un
couple de Lislois, M. et Mme Hubert Galan. André Bermond et Alain Fournié
indiquent encore que : "des gravières furent creusées sur la propriété afin
de confectionner sur place les matériaux de construction". Les deux auteurs
précisent que les briques proviennent des tuileries de Montégut (commune de
Lisle-sur-Tarn), de Gaillac et de Peyrole. Depuis 1998, le château est la
propriété d'une société hollandaise Art-Arcis. Le château et le parc sont à
l'abandon et font régulièrement l'objet de pillages qui menacent leur
survie. Le château est construit à l'aide de brique de terre moulée qui
alternent en façade avec des galets pris dans une épaisse couche de mortier
de chaux. Les cloisonnements intérieurs sont construits uniquement en brique
de terre moulée. La brique cuite a été utilisée pour la construction du chai
en partie basse du château, notamment pour la mise en oeuvre des voûtes, des
piliers et des arcs. De la même façon, la brique cuite a été employée pour
les encadrements des fenêtres, la corniche et le cordon d'étage. Le château
se compose d'un corps de logis quadrangulaire couvert par un toit à longs
pans et croupes qui repose sur un rez-de-chaussée voûté plus vaste,
entièrement dévolu à l'activité vinicole. La terrasse qui entoure la demeure
couvre donc une partie du rez-de-chaussée. Quatre tours octogonales, qui
encadrent les façades nord et sud et derrière lesquels apparaissent les
angles du corps de logis, s'élèvent sur un étage supplémentaire par rapport
au corps principal et confèrent à l'ensemble une allure de petit château.
Les façades nord et sud sont identiques : la travée centrale (où se trouve
la porte) est marquée par la superposition de colonnes de calcaire
couronnées par des chapiteaux ioniques au premier étage et doriques au
second. Un fronton semi-circulaire en brique surmonte l'entablement. Ce
décor de style néoclassique est le seul véritable ornement extérieur. Au
nord, il est complété par un escalier en pierre à volée double, précédé de
degrés rectangulaires, qui dessert la terrasse et permet l'accès au premier
étage. Celui-ci abrite les salles de réception distribuées par un large
couloir central en forme de croix qui traverse l'étage de part et d'autre.
Le grand escalier intérieur en pierre à trois volées droites est logé dans
la partie nord-est. Les murs sont recouverts d'un décor peint en trompe
l'oeil qui imite un décor de gypserie. En revanche, dans le salon situé au
sud, le plafond est revêtu d'un vrai décor de gypserie qui s'inspire des
formes du 18e siècle. En face du salon, de l'autre côté du couloir, la salle
à manger conserve une cheminée en bois, des lambris de mi-hauteur, un
parquet à chevrons et un plafond à poutres et solives. Le second étage
abritait les chambres à coucher où l'on retrouve des décors peints en trompe
l'oeil et quelques papiers peints d'origine associés à des bandeaux peints à
la main.
Sous l'habitation, le rez-de-chaussée est couvert de voûtes de brique en
berceau ou de voûtes d'arêtes. Le vaste chai occupe toute la partie centrale
où subsistent encore quelques éléments de la futaille. Les cuves maçonnées
sont dans la partie ouest où l'on reconnaît aussi un laboratoire vitré,
aménagement postérieur, fermé par une cloison de ciment. A l'ouest du chai,
existent des petites salles dont les accès depuis l'ouest ont été aménagés
postérieurement à la construction. Les murs de la salle la plus au sud sont
recouverts d'un enduit ocre rouge orné de fleurs de lys blanches. A l'est du
chai, sous la terrasse, se trouve une salle à quatre travées également
couverte de voûte en brique. Elle communique par l'intermédiaire d'une large
porte qui permettait de faire passer les tonneaux. A l'extérieur, au sud,
subsiste un bassin qui semble témoigner de l'aménagement d'un parc et d'où
pourraient provenir une partie des matériaux qui a servi à la construction
du château. Au nord s'élèvent encore de grands arbres. La ferme située au
nord-est présente des caractéristiques architecturales proches de celles du
château. (1)
château des Fortis 81310
Lisle-sur-Tarn, propriété d'une société hollandaise Art-Arcis, en très
mauvais état.
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