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Impressionnante forteresse toute de symétrie dont la façade principale fut
parée par la suite des grâces de la Renaissance, le château de Roquevidal
étonne toujours lorsqu'on le découvre au milieu de la campagne, tel un
vaisseau échoué au milieu des champs. De forme rectangulaire et semblant
avoir fait l’objet d’une campagne de construction unique comme le montre son
plan homogène, le château est flanqué de quatre tours d’angle rondes et, au
lieu de répartir les bâtiments autour d’une cour, l’on a préféré une
construction massée dont les pièces sont regroupées et disposées en hauteur
à l'abri des tours. Malgré les séductions de la Renaissance, Roquevidal n’en
était pas moins à l’époque des guerres de Religion une maison solidement
protégée, présentant dix-huit embrasures de tir. La façade principale
présente encore en son centre une frêle échauguette qui représente peut-être
le dernier reste du donjon. En effet, comme au château de Mailhoc, une pièce
devait autrefois couronner l’escalier. De plus, Roquevidal était dès
l’origine entouré de fossés. Objet d’une deuxième campagne de travaux à la
fin du XVIe siècle, la belle façade Renaissance présente de gracieuses
fenêtres à meneaux encadrées de colonnes, ces dernières se retrouvant
surmontées de chapiteaux doriques de part et d’autre de la porte d’entrée.
Celle-ci présente également un entablement portant une belle frise de
métopes et de triglyphes. Ces ouvertures conçues à la manière d’édicules se
voulaient évidemment une référence fidèle à l’architecture ultramontaine
copiée elle-même sur l’antique mais, dans la juxtaposition des éléments
architectoniques, l’on est encore loin d’une réelle compréhension du
vocabulaire architectural vulgarisé par Palladio. Un délicat réseau de
corniches et de cordons moulurés souligne cette étonnante façade.
Outre une belle cheminée portant en son centre un beau motif de cartouche,
l’un des morceaux de bravoure de Roquevidal réside en son superbe escalier
construit rampe sur rampe, dont les murs noyaux sont ornés de pilastres aux
délicats chapiteaux. L'histoire de cette belle demeure et de sa seigneurie
ne nous est hélas pas bien connue pour les époques les plus reculées, les
sources les plus anciennes ne remontant qu’en 1487. Dès 1575, le château de
Roquevidal fut plongé dans le tourbillon des guerres de Religion. La
garnison installé là par le duc de Joyeuse fut massacrée par les protestants
en 1587. Quatre ans plus tard, le vicomte de Lautrec et neveu de Joyeuse,
Louis de Voisins, prit le château et vengea la garnison catholique. À la fin
du XVIe siècle, l’on sait que Roquevidal appartenait à la famille de Brail
qui, profitant de la paix civile revenue, réalisa la façade actuelle,
plaquée sur la structure ancienne, et conserva la maison jusqu’à la fin du
siècle suivant. Les Brail étant de la religion réformée, Roquevidal eut à
subir en 1685 les rigueurs des dragonnades et, de guerre lasse, les
propriétaires préférèrent fuir leur domaine. Propriétaires depuis le début
du XVIIIe siècle, les Labarthe virent à leur tour leur domaine saisi au
moment de la Révolution. Abandonné, vandalisé, le château ne dut sa survie
qu’à sa transformation en ferme jusqu’en 1966. Durant cette sombre période,
la tradition locale veut qu’une des plus belles cheminées ait été acquise
par la famille de Rotschild. Enfin, à partir de 1966 les nouveaux
propriétaires se dépensèrent sans compter pour rendre à Roquevidal sa beauté
altière: c’est chose faite aujourd'hui. (1)
Éléments protégés MH : le château de Roquevidal en totalité : inscription
par arrêté du 8 septembre 1943.
château de Roquevidal 81470 Roquevidal, propriété privée, visite des
extérieurs.
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