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Le terme
"touche" désigne une réserve de bois et en effet, le lieu-dit des Touches se
trouve dans une zone très boisée de la commune. Le lieu-dit des Touches est
mentionné dès 1404, comme ancien fief relevant de la Tour Maubergeon. Elles
constituent une seigneurie, donnée par le duc de Berry, qui gouverne le
Poitou de 1372 à 1416, à son receveur Jehan Macé, également échevin de
Poitiers. Jehan Macé fut seigneur des Touches mais aussi propriétaire des
domaines voisins du Touffenet et des Rosiers. A la mort du duc de Berry, le
roi de France reprit le Poitou et c'est à lui-même que les seigneurs des
Touches durent faire hommage, jusqu'à la Révolution. Les aveux qu'ils
rendent alors au roi indiquent que trois autres domaines de
Mignaloux-Beauvoir dépendaient alors des Touches: le Deffend, les Rosiers et
Beau-Bâton. Ainsi le 6 juin 1487, Philippe de Couhau dit de la Lande, écuyer
et seigneur des Touches, rend un aveu au roi pour "l'hostel et herbergement
des Touches avec ses appartenances, appendances et déppendances". Quelques
années plus tard, un autre aveu est rendu au roi le 3 octobre 1505 par Jehan
Fauré, bourgeois de Poitiers, pour "l'herbergement des Touches avec le bois
qui y touche", ainsi que les trois autres domaines déjà mentionnés. Trois
ans plus tard, c'est un autre bourgeois de Poitiers, Laurent Barrier, qui
rend aveu au roi le 25 juillet 1508. Il était peut-être petit-fils ou gendre
de Jehan Fauré. La famille Barrier reste propriétaire de ces quatre domaines
pendant une grande partie du XVIe siècle, comme en témoigne la succession
des aveux: le 23 février 1526 et le 28 mai 1561 par Louis Barrier, notaire à
Poitiers; le 14 septembre 1595 et le 13 mai 1623 par Laurent Barrier, écuyer
et seigneur des Touches. Puis les Touches passent à Jean Chevalier,
petit-fils et héritier de Laurent Barrier, écuyer et seigneur des Touches,
et juge au présidial de Poitiers. Il rend un aveu au roi le 23 décembre
1643. Le propriétaire suivant est Alexandre de Baudeau, comte de Pardaillan
et de Paraber. Il vend les Touches le 20 décembre 1687 à Pierre Jaumier,
chevalier, seigneur de Savennes, qui rend aveu au roi le 18 avril 1703.
Entre temps, un plan des environs du domaine du Colombier, en 1694,
mentionne la "maison des Touches". Puis Jaumier vend le domaine à
Thibault-François-Gaspard Forien, chevalier, seigneur de Saint-Juire,
président au présidial du Poitiers, juge conservateur des privilèges royaux
de l'Université de Poitiers et conseiller au Parlement de Paris, marié à
Suzanne Thoreau. Les Touches sont ensuite vendues le 8 mars 1766 à
Louis-Antoine Rousseau, chevalier, seigneur de la Ferandière, la Boissière
et des Touches, capitaine au régiment de Champagne, qui rend aveu au roi le
11 janvier 1772. C'est à l'un de ces propriétaires successifs que l'on doit
probablement, au XVIIe ou XVIIIe siècle, la construction de la partie la
plus ancienne du château, c'est-à-dire le corps central faisant la jonction
entre les deux ailes. Le domaine figure en tout cas sur l'atlas de Trudaine,
établi dans la seconde moitié du XVIIIe siècle: on y voit des bâtiments, le
parc au nord, des allées d'arbres, un clos de murs au sud avec la grande
mare rectangulaire toujours visible aujourd'hui, et des bois percés de
chemins.
Les bâtiments apparaissent ensuite de manière identique sur le cadastre de
1819. A cette date, les Touches appartiennent au juge de paix Pierre-Adrien
Rogier. Il possédait de nombreux terrains entourant un très vaste ensemble
bâti: probablement une maison de maître et ses dépendances, et au sud-est
une métairie. Le tout était accessible par la grande allée d'arbres qui
marque encore l'entrée du domaine. Dans une parcelle appelée "la Pièce de la
Mare" se trouvait la grande mare rectangulaire toujours visible aujourd'hui
au bord de l'allée qui mène au château. De même, le clos de murs observé au
nord de cette mare, situé dans la parcelle dite "le Jardin", renfermait en
1819 un potager. En 1853, Rogier démolit une partie des bâtiments de la
métairie, au sud-est du château. Peu après, il vend les Touches au comte
Gustave-Fortuné de Maillé de la Tour Landry, qui rebâtit au même
emplacement. Sa fille Marie-Louise-Claire meurt aux Touches le 8 novembre
1852, et est inhumée dans le cimetière de Mignaloux où on peut encore voir
sa tombe. Le comte de Maillé y est lui-même enterré après sa mort, survenue
également aux Touches le 8 juin 1854. Alfred de Saint-Laon achète alors le
domaine en 1865, le revend en 1882 ou 1883 à Paul-Louis-Albert Collin de
l'Hortet. Celui-ci transforme la maison de maître en "château" en 1885-1886,
selon le cadastre. Le plan en L de l'ancien édifice est conservé, mais une
aile est raccourcie et l'autre allongée. M. Collin de l'Hortet revend
ensuite les Touches à Fuléran-Hippolyte-Emile Fournier. Le dernier
propriétaire connu pour les bâtiments au XIXe siècle est, à partir de 1893,
Fernand Bourgain (peut-être le fils du commanditaire du château du
Touffenet). Il réalise à son tour des travaux au château en 1895, et fait
probablement construire les communs en 1901, date de travaux indiquée par le
cadastre. C'est sans doute aussi à lui que l'on doit l'ajout d'une serre
contre le pignon sud du château, réalisée par la société Bergerot, installée
boulevard de la Villette à Paris. Décédé aux Touches en 1916, Fernand
Bourgain est inhumé dans le cimetière de Mignaloux où se trouve encore sa
tombe. Il ne reste aujourd'hui qu'une partie du château et de ses
dépendances, dont la fonction a changé. Les bâtiments accueillent
aujourd'hui les bureaux du syndicat de contrôle laitier de la Vienne, ceux
du service de réparations pénales, ceux de la Fédération régionale des
maisons familiales rurales d'éducation et d'orientation de Poitou-Charentes,
ceux de la coopérative forestière. Des haras ont été récemment construits au
nord des communs.
Le logis du château est de plan en L et comprend trois volumes distincts,
notamment par leur toiture. Sur un corps de bâtiment allongé se greffent, en
retour à l'ouest, une courte aile le surmontant d'un niveau, et à l'est un
pavillon à l'élévation similaire mais saillant aux deux tiers du corps
principal. La partie centrale se distingue nettement par un traitement en
pierre de taille tandis que le reste de l'édifice est en moellons enduits.
Son élévation sur cour présente six travées sur deux niveaux, avec des baies
en plein cintre au rez-de-chaussée et des fenêtres rectangulaires à l'étage.
Les clés et sommiers des arcs en plein cintre du rez-de-chaussée sont
saillants. L'élévation est couronnée par une balustrade, par rapport à
laquelle la toiture est en retrait. Ce corps central se poursuit au-delà du
pavillon saillant à l'est, mais cette fois avec élévation différente, plus
simple, sans balustrade notamment. L'aile ouest et le pavillon qui encadrent
cette partie centrale comportent respectivement trois et deux travées. Leur
verticalité s'oppose à l'horizontalité du corps central : un premier étage
est surmonté d'un étage de comble, ouvrant par des lucarnes pendantes,
couronnées de hauts frontons triangulaires; les pleins de travées sont
traités en pierre de taille; les toits présentent une forte pente, avec de
hautes cheminées et des épis de faîtage. A l'inverse, le corps central
affiche une horizontalité plus marquée, par le recours à deux niveaux
d'élévation, à une balustrade et à une toiture à faible pente. Ces
caractéristiques sont celles de l'architecture des demeures du XVIIe siècle,
tandis que les effets de verticalité renvoient plutôt à l'architecture
française de la fin du Moyen Age, imitée au XIXe siècle. Malgré ces
différences, les élévations sur cour ont quelques traits communs: le
couronnement par une corniche, la séparation des niveaux par des bandeaux de
niveau. Les encadrements des baies sont saillants, certains moulurés. Les
élévations sur jardin, à trois niveaux, font l'objet d'une traitement plus
sobre sans encadrements saillants ni corniche. L'élévation postérieure de
l'aile ouest présente des baies à appuis et linteaux saillants et moulurés.
Une serre à structure métallique est accolée à l'aile ouest, vers le sud.
Les tuyaux de chauffage au sol sont toujours visibles. A l'ouest du château,
les communs, autrefois occupées par des étables ou des écuries, présentent
une architecture soignée et régulière. De plan en L, ils comprennent un
rez-de-chaussée et un étage carré, couvert d'un toit à longs pans et croupe
en tuile creuse. Au rez-de-chaussée, des portes charretières en anse de
panier alternent avec un ensemble formé par une porte piétonne en plein
cintre entre deux fenêtres semi-circulaires. Les encadrements des baies sont
saillants, ainsi que les clés des portes. A l'étage, les fenêtres ont des
appuis saillants et moulurés. Au nord du château et des communs se trouvait
le parc, en partie arboré. Au sud-est du château on observe une tour qui
abritait peut-être un château d'eau. Une petite mare circulaire aux bords
empierrés la jouxte. Plus au sud, au milieu de l'allée menant au château,
une grande mare rectangulaire aux bords empierrés subsiste, jouxtée au nord
par un ancien potager clos de murs en moellons harpés, ouvrant par un
portail à piliers maçonnés.
château des Touches 86550 Mignaloux-Beauvoir, accueille aujourd'hui des
bureaux de la chambre d'agriculture.
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Monsieur Bernard Drarvé pour les photos qu'il nous a adressées afin
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source
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