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Le
promontoire rocheux dominant l'estuaire, site fortifié dès l'antiquité, est
l'un des enjeux de la reconquête de l'Aquitaine par Charles Martel dans la
première moitié du VIIIe siècle. Par la suite, le castrum pris par le duc
d'Aquitaine dans le premier quart du XIe siècle, est donné en bénéfice au
comte d'Angoulême Guillaume IV. Disputé par ses fils, le castrum passe dans
le second quart du XIe siècle sous le contrôle du cadet Geoffroy. A sa mort
en 1048, le castrum échoit à son second fils Geoffroy (ou Jaufre). Surnommé
Rudel, portant le titre de prince de Blaye, il est à l'origine de la famille
seigneuriale éminente, au côté d'autres co-seigneurs attestés à la fin du
XIe siècle; l'abbé de Saint-Romain et l'archevêque de Bordeaux. D'ores et
déjà doté d'une agglomération et d'un église dédiée à saint Jean citée en
1100, le castrum est l'objet dans le premier quart du XIIe siècle d'une
opposition entre le duc d'Aquitaine et le comte d'Angoulême, probablement
durant la minorité du seigneur de Blaye Gérard II : tenu par le comte
Vulgrin II, la forteresse est assiégée par le duc d'Aquitaine Guilhem IX,
qui en détruit la tour et les murs. Cependant, le site aurait été repris par
le comte et fortifié "pour la rendre inexpugnable". Quoi qu'il en soit, la
famille nobiliaire des Rudel, d'où est issu le fameux troubadour Jaufre
Rudel, reste connue au Moyen Âge comme seigneurs châtelains de Blaye. C'est
probablement à l'époque de Jaufre Rudel III qu'il convient d'attribuer la
construction du châtelet d'entrée, dont les dispositions générales, qui
rappellent les fortifications capétiennes, et les archères à étrier,
incitent à dater du début du XIIIe siècle. A l'extinction du lignage des
Rudel, dans le contexte des tensions du début du XIVe siècle avec le pouvoir
capétien, les Plantagenêt, rois d'Angleterre et ducs d'Aquitaine, prennent
le contrôle de la place-forte vers 1315-1317 et assurent sa mise en défense.
La tour voûtée dite de Diane, à la pointe ouest de l'enceinte castrale,
paraît notamment datable de cette époque. La limite de l'enceinte de la
basse-cour avec la ville, au sud, est matérialisée par la construction d'une
courtine maçonnée dotée d'une porte, dite de Liverneuf, probablement en
1330.
Un mémoire de 1337, rédigé par le gouverneur du château Bérard d'Albret,
décrit un ensemble en mauvais état et nécessitant des réparations et
améliorations importantes, dont la couverture d'une "salle neuve" et des
tours. A cette date, le promontoire est structuré en deux pôles : la
forteresse et sa basse-cour sur la partie la plus élevée, et la ville, le
tout cerné par une enceinte dotée de trois portes précédées d'un pont-levis,
d'une herse et d'une barbacane, dont la "barbacana del castet", placée
au-devant du châtelet d'entrée. Après la reprise définitive de la
place-forte en 1451 et la fin de la guerre de Cent Ans, une remise en état
est effectuée en 1469 par les maçons Pierre Panneton et Jehan de Lussac, qui
travaillent à la grande salle et à la réparation d'un pont-levis. Une
nouvelle campagne de travaux est mentionnée en 1495-1496 aux appartements,
alors que le charpentier Guillaume Ramuzat est payé pour avoir refait à neuf
des ponts et les corbeaux surmontant portes et poternes. Une importante
campagne de fortification est entreprise au début du XVIe siècle, sous le
règne de Louis XII, afin de moderniser les défenses et les adapter au
développement de l'artillerie : de cette époque datent le rattachement de la
barbacane au château par la construction d'un boulevard, la reconstruction
de l'ancienne tour du Guet par un ouvrage à casemates dit tour des Rondes,
vraisemblablement en 1503 par le maçon bordelais Pierre Briel, et
l'édification d'une nouvelle tour, dite de l'Eguillette, à l'extrémité
nord-ouest de l'enceinte castrale, en position de surplomb sur l'estuaire.
Philippe Gaugaing, contrôleur des travaux de maçonnerie et de charpenterie
en Guyenne, est chargé de surveiller la construction de plusieurs
caponnières ou "moineaux" destinées à renforcer le front nord-est dans les
années 1510-1511, travaux confiés aux maîtres maçons Jean Phelip et Martin
Bilhoët. L'entretien courant nécessite enfin la mise en œuvre d'un chantier
de couverture en 1529-1530, dont la seule charpenterie s'élève à 240 livres
tournois. Mis à sac durant les guerres de Religions, le château et ses
défenses sont en mauvais état au début du XVIIe siècle.
Dans le processus de militarisation de la place-forte et de la ville qui
s'opère alors, le château est réaménagé à l'initiative de Claude de
Saint-Simon, nommé gouverneur de Blaye en 1630, qui en fait sa résidence et
le siège du pouvoir, probablement dès son installation in situ à partir de
1636. La reconstruction du corps de logis principal, avec ses travées de
fenêtres à meneaux sur cour, et d'une partie de l'aile ouest, à croisées à
bossages, datent vraisemblablement de cette époque. Des réparations récentes
sont signalées "à la grosse tour du château" en 1665, sans doute réalisées
par l'architecte Duplessy. Les travaux entrepris par Vauban à la fin du
XVIIe siècle intègrent la vieille barbacane dans un bastion de la citadelle.
Au début du XVIIIe siècle, le château est représenté sur le plan-relief avec
ses trois contreforts visant à renforcer le front sud et ses différents
corps de logis couverts d'ardoises adossés aux courtines, enserrant une
étroite cour. Il est représenté selon des dispositions similaires sur des
plans du milieu du XVIIIe siècle. Laissé à l'abandon à la fin de l'Ancien
Régime, le château est en partie démantelé au début du XIXe siècle, par le
dérasement de la plupart de ses tours et des courtines entre 1819 et 1825,
parallèlement à un projet de création d'un nouvel ouvrage défensif, non
réalisé. Au début des années 1860, l'archéologue Léo Drouyn dessine un
édifice dans un état complet de délabrement, dont il estime, dans la notice
historique publiée dans sa Guyenne militaire en 1865, qu'il n'en resterait
bientôt rien.
Le site castral occupe le sommet du promontoire dominant le cours du
ruisseau du Saugeron et l'ancienne route de Saintes. Dans sa configuration
actuelle, le château apparaît comme un édifice composite, fruit de nombreux
remaniements et destructions. De plan grossièrement triangulaire, il est
adossé à la courtine de la ville haute médiévale. Le châtelet d'entrée, à
l'est, comporte deux tours semi-circulaires maçonnées d'un appareillage
irrégulier de pierres de taille, encadrant une porte charretière en arc
plein-cintre. Ces tours sont percées de rares archères à étrier. L'entrée
est précédée d'une puissante barbacane. Les murs de la courtine constitués
de moellons sont raccordés aux différentes tours d'angle circulaires : la
massive tour des Rondes au nord-est, composée de trois niveaux de casemates
superposées soutenant une terrasse d'artillerie au sommet ; la tour de Diane
à l'ouest, voûtée d'ogives à huit quartiers, et la tour du Trésor au
sud-est, aujourd'hui toutes deux à l'état de vestiges, de même qu'une
troisième tour semi-circulaire, dite de la Porte, qui défendait une entrée
sur le flanc nord-ouest. Le corps de logis principal était adossé au mur
d'enceinte du côté est. Il comprenait une cuisine et des appartements
desservis par un escalier rampe-sur-rampe...
Éléments protégés MH : l'ensemble de la citadelle, intérieur et extérieur,
et l'intérieur de l'enceinte, la totalité des bâtiments et des terrains (les
sous-sols comprenant les bastions, les fossés, les demi-lunes, les glacis,
le terrain militaire qui l'entoure, et les sous-sols correspondants à
l'intérieur de la citadelle à la totalité des bâtiments et des terrain:
classement par arrêté du 11 mai 2009.
citadelle de Blaye - château des Rudel 33390 Blaye, tel. 05 57 42 12
09, propriété de la commune, ouverte toute l’année
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dans ce département. |
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