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Maison forte de Roudergues
 
 

 La première mention du site, alors qualifié de "manse", a été relevée dans le cartulaire de l'abbaye de Beaulieu : un acte daté Xe ou du XIe siècle, par lequel un certain Aerradus donne au monastère plusieurs manses au nord-ouest de Comiac, évoque à travers ce terme une unité d'exploitation agricole ou une tenure domaniale d'origine carolingienne, rattachée à la "villa" de Candis qui fut à l'origine d'un petit habitat groupé à proximité de Roudergues. Aux XIIIe et XIVe siècles, le mas faisait vraisemblablement partie du domaine foncier des seigneurs de Grenier, établis dans le château voisin de Laborie. Il fut ruiné et déserté pendant la guerre de Cent Ans avant d'être à nouveau donné en fief en 1432 par le seigneur de Laborie. Les nouveaux tenanciers prirent dès lors le nom du mas : dès 1485, Pierre Roudergues fit une reconnaissance de rente au seigneur de Laborie ; en 1488, il déclarait tenir 56 sétérées dans le bois de Castel qui domine la ferme. Tirant d'importants revenus de ce domaine rapidement étendu, cette famille prit part à l'émergence d'une petite bourgeoisie rurale qui semble effectivement au milieu du XVIIe siècle. Ainsi, Pierre de Roudergues, qualifié de "honorable bourgeois du village de Rodergues", finança en 1649 la reconstruction de la chapelle Saint-Sevin de l'église paroissiale, en échange d'un droit de place et de sépulture, pour lui et sa descendante, dans ladite chapelle. C'est à cette famille de paysans enrichis devenus notables, vassaux des seigneurs de Laborie et de Comiac, qu'il faut sans doute attribuer la construction, au début de la période moderne, d'une demeure avec tour dont subsistent d'importants vestiges au niveau du logis actuel. La tour, anciennement percée de meurtrières plus symboliques que véritablement efficaces, signe la promotion d'un mas au rang de petite maison forte qu'il faut sans doute situer dans le courant du XVIe siècle.
Au milieu du XVIIe siècle, le compoix de Comiac (1666) recense un vaste domaine de plus de 175 sétérées, composé d'une maison avec four, de granges, d'étables, de séchoirs, de jardins et patus, de terres labourables et de plusieurs parcelles boisées (dont des châtaigneraies et des noiseraies), auxquels s'ajoutait également un moulin. Un inventaire de 1693, partiellement retranscrit par Yvette Aquioupou, décrit avec précision la propriété encore agrandie : une maison, un four, un fourniol, deux séchoirs, une maison pour faire la cire, le tout couvert d'ardoises ou de pierres, deux granges couvertes de paille, le tout avec ses patus et curtils qui se confrontent de tous les côtés aux trois jardins, un clos, une chenevrière, plus une terre appelée la "vigne vieille", prés, bois, terres, tout attenant d'une contenance de 200 setérées environ, confrontant du levant avec le village de Candes, du midi avec les tenanciers du village de Matau, du couchant avec les tenanciers du village de Mialet et du septentrion avec la Cère. Transmis de père en fille à partir de la fin du XVIIe siècle, le domaine devint la propriété de la famille Asfaux dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. C'est à la suite de son mariage en 1772, avec Françoise Daumarès (héritière et habitante du mas avec son premier mari, décédé), que Marc Asfaux s'installa à Roudergues et qu'il entreprit probablement les travaux de remaniement du logis dont témoignent les millésimes "1775" et "1776" relevés sur les façades.
L'édifice ainsi remanié figure avec son emprise actuelle sur le plan cadastral de 1819. Le bâti actuel témoigne des différentes campagnes de construction qui se sont succédé jsuqu'au début du XIXe siècle. De l'ancienne demeure bourgeoise, aux allures de maison forte, subsiste notamment la tour de plan carré dont les caractères architecturaux (plan, mise en oeuvre des maçonneries, fenêtres à coussièges, bouches à feu) accusent une datation du XVIe siècle. L'édifice fit l'objet d'importantes transformations réalisées au XVIIIe siècle et concernant principalement le corps de logis : la structure, les ouvertures de l'étage et du comble ainsi que les aménagements domestiques (cheminée, souillarde) sont issus de la campagne de travaux datée des années 1775-1776. Néanmoins, des fragments de murs pouvant appartenir à l'état antérieur sont conservés au niveau de la partie centrale du corps principal où une porte chanfreinée semble en place. Si les maçonneries de la tour ont été mieux préservées, des percements plus récents ont effacé toute trace extérieure des anciennes baies à coussièges et des bouches à feu qui existaient encore à la fin du XXe siècle. Malgré les mentions d'un fournil, de séchoirs et de granges-étables dans les sources du XVIIe siècle, aucun vestige des dépendances antérieures au XVIIIe siècle n'a pu être identifié. Le fournil et la grange-étable semblent avoir été entièrement reconstruits à la limite des XVIIIe et XIXe siècles, en remployant certains éléments de baies chanfreinés plus anciennes. Le bâtiment agricole se présente comme un ensemble homogène daté de 1805. Le fournil-séchoir paraît plus ancien : datable de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, il pourrait être à peu près contemporain de la reconstruction du corps de logis.
La demeure est implantée en bordure de l'ancienne route reliant, d'est en ouest, le village de Comiac et le hameau de Candes à la vallée de la Cère. Le bâti s'organise autour d'une cour enclose qui dessert à la fois le logis, situé à l'est, et les différentes dépendances agricoles groupées à l'ouest : grange-étable au sud-ouest, ruines d'une étable à l'ouest et fournil au nord-ouest. Au centre de la propriété, et à l'angle sud-est du logis, s'élève une tour de plan carré qui constitue le vestige le plus visible d'une ancienne maison forte. Les différentes constructions sont montées en appareil irrégulier ou à assises irrégulières de moellons de granite ; les chaînes d'angle et encadrements de baies sont réalisés en pierre de taille de granite. La tour se distingue par des parements plus soignés, majoritairement composés de gros moellons équarris et associés à des chaînes d'angle en grand appareil. Les moellons portent des traces de piquetage à la broche ou au pic, permettant de faciliter l'accroche de l'enduit (disparu). Le même type d'appareil est visible au centre de la façade principale du logis qui semble conserver des vestiges de murs contemporains de la tour. La tour s'élève sur trois niveaux surmontés d'un toit en pavillon couvert en lauzes de schiste. Le percement de nouvelles fenêtres au milieu du XXe siècle et la réfection des maçonneries, reparementées et rejointoyées au ciment, ont fait disparaître une partie des dispositifs d'origine. Des traces de reprise témoignent par ailleurs de la reconstruction partielle du dernier niveau où une pierre d'évier a été insérée, peut-être dès le XVIIIe siècle (façade est). Néanmoins, un jour chanfreiné paraît en place au troisième niveau de la façade sud et la fenêtre du premier étage a conservé son embrasure interne évasée munie de coussièges.
En revanche, la tour a perdu son caractère défensif du fait de l'arrachement des anciennes bouches à feu qui étaient réparties sur les différentes élévations (d'après un témoignage et un croquis d'Yvette Aquioupou). Seuls subsistent de ces aménagements les ébrasements internes qui ont été comblés ou transformés en niches. Probablement contemporaines de la fenêtre à coussièges, qui atteste une double fonction ostentatoire et résidentielle de la tour, ces meurtrières avaient un rôle sans doute plus symbolique qu'opérationnel. Autour de la tour, l'ancien corps de logis a été en grande partie reconstruit sur le modèle des maisons paysannes dites en hauteur. Le corps principal présente une structure de plan rectangulaire à étage de soubassement et rez-de-chaussée surélevé ; il est coiffé d'un toit en pente raide avec égouts retroussés, à longs pans et croupes en lauzes de schiste. La façade postérieure est flanquée d'une souillarde hors-oeuvre, laquelle sert d'appui à une extension plus récente bâtie au nord-ouest, à l'emplacement probable d'un corps de bâtiment disparu ou remanié (le plan cadastral de 1819 révèle un corps postérieur plus large que la souillarde actuelle, pourtant datable du XVIIIe siècle). La charpente du corps principal est à chevrons formant fermes, avec faux-entraits sur aisseliers. L'habitation remaniée se compose de plusieurs pièces installées au rez-de-chaussée surélevé et aux deux étages de la tour, surmontant des espaces de stockage (caves) et des parties agricoles (étable transformée en garage ?) établis à l'étage de soubassement. Le corps principal est scindé en deux parties est/ouest par un mur de refend maçonné portant la souche de cheminée en pierre de taille de granite. Cette structuration conditionne l'organisation de la façade principale en deux travées, auxquelles s'ajoute, à droite du deuxième niveau, la porte d'entrée à baie d'imposte. Celle-ci ouvre sur un palier en maçonnerie, dans l'axe de l'escalier d'accès bâti contre la tour.
L'escalier et le palier possèdent un parapet appareillé, couronné de dalles taillées ou moulurées ; celui du palier est porté en léger encorbellement sur des corbeaux en quart-de-rond, un trou permettant l'évacuation des déchets et eaux usées. Le parapet de l'escalier est coiffé, à son extrémité, d'une croix pattée en pierre de taille de granite. L'ensemble de la structure vient s'appuyer contre la façade et contre le piédroit de la porte basse donnant accès à la cave. Celle-ci présente un encadrement chanfreiné qui semble en place dans une maçonnerie ancienne pouvant appartenir au premier état connu de l'édifice. Si les autres ouvertures du premier niveau paraissent récentes, les fenêtres à arc segmentaire percées au deuxième niveau et les lucarnes jacobines du comble se rattachent au logis du XVIIIe siècle. Installée dans la partie centrale du corps de logis, la pièce commune possède une large cheminée à arc segmentaire engagée dans le mur de refend ; la souillarde présente une voûte en anse-de-panier, formée de moellons posés de champ, et deux niveaux de tablettes-étagères en granite. La grange-étable est un bâtiment imposant de plan rectangulaire à étage de soubassement. Au premier niveau prend place l'étable à vaches, surmontée d'un vaste espace sous charpente servant à la fois de grange, de fenil et de remise agricole. Elle se caractérise par une toiture en pente raide, à deux longs pans et une demi-croupe, couverte en lauzes de schiste. L'étable ouvre en mur-pignon et en mur gouttereau par deux portes bâtardes en anse-de-panier.
Desservi par une rampe d'accès en terre-plein, l'accès à la grange est disposé au deuxième niveau du mur gouttereau et prend la forme d'une porte charretière passante à linteau en bois. Des éléments de baies chanfreinées ou moulurées, provenant de constructions d'époque moderne, sont remployés dans les surcroîts du comble (jours et baie fenière en façade postérieure). Le fournil présente une structure assez imposante, coiffée d'un toit en pente très raide dont la couverture a été refaite en ardoise. L'abside semi-circulaire du four, couverte en tuiles creuses mécaniques, est accolée au mur-pignon nord. Le rez-de-chaussée à usage de fournil est surmonté par deux niveaux de comble, dont un premier niveau à surcroît qui servait peut-être de séchoir à châtaignes. Deux accès et plusieurs jours sont percés en mur-pignon : porte bâtarde à arc en anse-de-panier très surbaissé au premier niveau ; porte à arc segmentaire et jour chanfreiné (remploi ?) au deuxième niveau ; jour à arêtes vives au sommet du pignon. La charpente, à chevrons formant fermes, est constituée de chevrons-arbalétriers courbes (remaniée à l'ouest). La croix pattée qui coiffe le parapet de l'escalier d'accès au logis serait une ancienne croix de chemin remployée, provenant peut-être du "Puech de la Crous" qui domine la ferme au nord-est. Cependant, le profil particulier de la croix et de son socle nous conduisent plutôt à penser qu'elle occupe son emplacement initial, pour lequel elle a probablement été façonnée au XVIIIe ou au début du XIXe siècle.

maison forte de Roudergues 46190 Sousceyrac-en-Quercy, propriété privée, ne se visite pas.


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