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Dès le 11e ou le XIIe siècle, la terre de Champrond et
sa forêt des Perchets appartiennent au domaine direct des Rotrou. Par le jeu
des successions, elles passent à leurs descendants, les Château-Gontier, et
la suite des seigneurs de Nogent. Par mariage, elles arrivent, au quatrième
quart du XVe siècle, entre les mains de la famille Beaulieu qui rend foi et
hommage au seigneur de Brunelles, lui-même vassal du seigneur de
Nogent-le-Rotrou. L'un de ses membres, Loys de Beaulieu, est probablement à
l'initiative de la construction (ou reconstruction) du manoir à cette même
période, comme le montrent le décor de la porte de la tour d'escalier ainsi
que la charpente. Au cours du XVIe siècle, un de ses descendants, Floridas
de Beaulieu, agrandit le manoir vers l'est (une pièce par niveau) et en
retour d'équerre au sud-ouest, en attestent les cheminées monumentales de
l'étage et les fenêtres chanfreinées de dimensions restreintes. Une partie
des bâtiments d'exploitation (est et ouest) daterait du XVIIIe siècle, comme
le montrent plusieurs détails architecturaux dont une porte en plein cintre
obstruée, ou les deux portes charretières en anse de panier. Suite à la
Révolution, le manoir est vendu comme bien national. En 1825, Charles
François Fontaine en acquiert la propriété. Les matrices cadastrales font
état de "l'augmentation d'une maison" à l'initiative d'Ernest Viette en
1884, date probable de la transformation du logis manorial (agrandissement
des ouvertures et du bâtiment vers l'est). A cette même période, les
bâtiments d'exploitation sont transformés (remaniement des ouvertures,
emploi de la brique en encadrement). Le hangar au nord-ouest semble dater du
premier quart du XXe siècle. Le manoir du Grand Champrond est implanté à
l'est du plateau du bois des Perchets, non loin de la source du ruisseau du
Val Roquet. L'ensemble comprend quatre bâtiments dissociés et organisés en U
autour d'une cour ouverte. Au sud, le logis manorial comprend quatre corps
de bâtiment : un corps principal de plan rectangulaire, une tour
hors-oeuvre, un corps de bâtiment de plan presque carré, perpendiculaire au
corps principal, et un petit corps construit dans le prolongement vers l'est
du corps principal. Le corps principal du logis comprend deux pièces par
niveau habitable; une cuisine et une salle au rez-de-chaussée, deux chambres
à l'étage. Pourvues chacune à l'origine d'une cheminée monumentale, seuls
quelques vestiges de consoles subsistent à l'étage à l'ouest, tandis que la
cheminée de la chambre est a été démontée et remontée dans la salle. La tour
hors-oeuvre est accolée sur la façade nord du corps principal ; elle abrite
un escalier à vis en bois qui dessert quatre niveaux : le sous-sol à usage
de cave, le rez-de-chaussée, un étage carré et le comble. Elle est
accessible par une porte en anse de panier surmontée d'un larmier. Elle est
éclairée par de petites ouvertures aux encadrements chanfreinés à congés
coupés. Le corps de bâtiment aligné à l'est du logis comprend deux pièces,
une au rez-de-chaussée et une à l'étage ; celle-ci est également pourvue
d'une cheminée monumentale. Cette ancienne chambre était également
accessible par un escalier extérieur dont les vestiges ont été mis au jour
lors de récents travaux de restauration. Le corps de bâtiment en retour
d'équerre au sud-ouest comprend un rez-de-chaussée surmonté d'un haut comble
à surcroît, avec cheminée adossée. De nombreuses ouvertures, notamment sur
le corps principal, ont été agrandies dans le style néo-gothique : encadrées
d'une chaîne en besace surmontée d'un larmier rampant à retours anguleux.
Ces ouvertures forment trois travées au sud. Les murs sont en moellons de
silex au niveau du soubassement, et pour le reste des élévations, en
moellons de calcaire couverts d'un enduit à plein (façade nord) ou à pierre
vue. On décèle quelques vestiges de murs en pans de bois (pignons, étage de
la façade nord dans sa partie ouest, étage du corps sud-ouest, cloison de
séparation des deux chambres à l'étage). Les encadrements des baies et les
chaînages d'angle sont en pierre de taille de calcaire. Trois bâtiments
d'exploitation complètent l'ensemble. Le bâtiment sud-est abrite sous le
même toit deux écuries, une remise et les anciens clapiers. Le bâtiment est
abrite une remise à attelages, une écurie et un ancien logement de
journaliers. Le dernier, à l'ouest, comprend deux granges, une cave, une
écurie et une betteraverie. Les betteraves y étaient acheminées par
charrette puis rejoignaient un silo au nord de la ferme via un chariot
roulant sur rails (rails toujours visibles). Un hangar métallique se situe
en alignement au nord du dernier bâtiment. Les murs sont en moellons de
calcaire couverts d'un enduit à pierre vue. Les chaînages d'angle et les
encadrements des baies sont en pierre de taille de calcaire (pour la partie
sud du bâtiment ouest) ou associant la brique et la pierre de taille.
L'ensemble des toits est à longs pans (à l'exception de la tour d'escalier à
toit polygonal) couverts en tuile plate.
manoir du Grand Champrond 28400 Champrond-en-Perchet, propriété privée,
ne se visite pas.
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