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La première mention connue du
lieu-dit du Bois Jolly date du XVIe siècle. A cette époque, Jehan Durant,
bailli de la seigneurie de Prez en Ceton, possède également le titre de
"seigneur du Bois-Jolly". Il serait peut-être le commanditaire de la
construction (ou reconstruction) du manoir dont la partie la plus ancienne,
de la fin du XVe siècle, est le logis manorial, comme le montre le décor de
la cheminée monumentale de la salle. Le corps de passage construit en
alignement du logis manorial au sud date du XVIe siècle, en témoigne le
décor d'une fenêtre à meneau et traverse de l'étage en façade ouest. La
grange nord, la remise au sud, les murs ceinturant le domaine (partiellement
en élévation aujourd’hui) ainsi que les quatre tourelles aux angles
(présentes en plan en 1811, détruites par la suite) semblent également dater
de cette période. Aucune source ne permet de connaître l'histoire du manoir
tout au long du XVIIe siècle et jusqu'au début du XVIIIe siècle. Le 24
janvier 1722, Jacques Daupelay de Bonneval, notaire de Nogent-le-Rotrou,
dresse un état des lieux détaillé du site lors de sa visite de la terre du
Bois Jolly. Le domaine appartient alors à un certain Regnouard, bourgeois à
Paris. Dans sa description, le notaire royal précise que le domaine est
entouré de murs pourvus de tourelles aux angles et qu'il comprend une petite
étable à mouton et une cidrerie (probablement devenues toit à porcs et
remise par la suite. Suite à la Révolution, le manoir est vendu comme bien
national. Le Bois Jolly devient une ferme qui se développe surtout dans la
seconde du XIXe siècle avec la construction de deux granges-écuries, une en
alignement au nord du logis manorial construite en 1862 (date portée sur une
pierre au-dessus de la porte charretière), l'autre à l'ouest construite en
1874 (date portée sur une pierre, accompagnée des initiales "J P", sous la
corniche en façade principale). Tous les bâtiments subissent des
remaniements, à l'instar de la façade principale du logis manorial
(réorganisation des ouvertures : nouveaux percements, obstruction
d'anciennes ouvertures). A cette époque et jusqu'à la Première Guerre
mondiale, le Bois Jolly appartient au marquis Jean-Marie Auguste de la Poeze
d'Harambure. A l'entre-deux-guerres, la ferme déjà reconnue pour son élevage
de chevaux percherons, devient même la plus importante de la région
nogentaise : plus de cinquante personnes y travaillent et les installations
comprennent, entre autres, trois manèges à chevaux et une citerne à eau.
Acquis à la fin des années 1980 par les propriétaires actuels, l'ensemble
des bâtiments est en cours de restauration. Le manoir du Bois Jolly se
situe au sud-est de la commune de Margon, sur le plateau du bois des
Perchets qui domine la vallée de la Cloche. Ceint de murs, il comprend
quatre bâtiments disposés autour d'une cour, ainsi qu'un verger et un puits,
l'accès se faisant par un portail au nord dont il subsiste un seul pilier.
Le bâtiment ouest, dont la façade principale est orientée à l'est, comprend
trois corps : au centre, le logis manorial ; au sud, le corps de passage et
au nord, une grange-écurie. Le logis manorial est en rez-de-chaussée
surmonté d'un étage carré et d'un comble. Il présente une façade ordonnancée
à trois travées dont les fenêtres de l'étage conservent quelques éléments
anciens tels que les appuis de fenêtre moulurés (à tore et cavet) et deux
encadrements (l'un mouluré, l'autre chanfreiné) se terminant par un congé
coupé. Côté ouest, la façade est percée d'une porte, d'une fenêtre à meneau
et traverse (porte d'accès à une petite laiterie détruite, récemment
transformée en fenêtre) et d'une baie étroite au rez-de-chaussée ; de trois
fenêtres à l'étage (une, au sud, élargie récemment ; une porte probablement
prévue dès la construction pour un agrandissement vers l'ouest et
transformée en fenêtre ; et la dernière, au nord, chanfreinée et de
dimensions restreintes). Deux pièces occupent le rez-de-chaussée, un
probable cellier au sud et une grande salle au nord pourvue d'une cheminée
monumentale en pierre de taille de calcaire à piédroits de section
semi-circulaire et corbelets pyramidaux portant un linteau en bois
(remaniement) soulagé par un arc de décharge. A l'est de la cheminée, une
porte d'origine de la bâtisse permettait d'accéder au nord de la cour
(aujourd'hui, elle donne accès à l'ancienne grange-écurie). Un escalier
tournant en bois, placé dans une cage approximativement au centre du logis,
dessert une chambre pourvue d´une cheminée adossée au nord, un cabinet à
l'ouest et une troisième pièce au sud. De cette dernière, une porte
communique avec l'étage du corps de passage au sud. Aligné au sud du logis
manorial, le corps de passage est de plan rectangulaire. Son porche,
aujourd'hui obstrué, constituait l'entrée principale du manoir. A l'ouest,
une allée, dont aucune trace ne subsiste en 1811, permettait son accès. Sa
façade ouest, celle recevant le décor le plus abouti car à l'entrée du
domaine, est percée au rez-de-chaussée d'une porte charretière en arc brisé
(bouchée) et d'une porte piétonne. Parmi les deux fenêtres de l'étage, celle
au nord, à meneau et traverse, présente un encadrement mouluré se terminant
en prisme, surmonté d'un larmier rampant aux retours angulaires sculptés de
deux personnages : un ange portant un phylactère au nord et un prêtre appuyé
sur un bâton de pèlerin tenant un calice dans sa main gauche au sud. Produit
de la dernière campagne de restauration, une lucarne restituée, en bâtière à
meneau et traverse, complète la travée. En façade est, la porte charretière
en arc brisé est en partie bouchée (transformée en porte piétonne) et une
porte est transformée en fenêtre au rez-de-chaussée. Deux fenêtres, à
l'origine à meneaux et traverses, éclairent l'étage. En prévision d'un
agrandissement vers le sud, l'étage est pourvu d'une porte dès la
construction du corps. Les murs de ces deux corps de bâtiment sont surlignés
par une corniche à talon droit. Leur charpente, assez similaire, est à
chevrons formant fermes contreventées par une faîtière et sous-faîtière. Le
dernier corps du bâtiment ouest est une grange-écurie (partie grange au
nord, écurie au sud). Les ouvertures sont, en majorité, surmontées d'un arc
en anse de panier. La porte charretière a été transformée en porte piétonne.
Une corniche en brique couronne les murs...
manoir du Bois Jolly 28400 Margon, propriété privée, ne se visite pas.
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