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Ce domaine tient son nom
de la famille qui le possédait au début du XVIIe siècle, les Charlet. C'est
sans doute en effet Jacques Charlet, écuyer, seigneur de Mondon et de la
Poupardière, conseiller du roi et président des comptes en Bretagne, par
ailleurs seigneur de Buxerolles à partir de 1611, qui a fait construire la
Charletterie. Le domaine n'existe pas en 1566 lorsqu'un certain François
Poupeau est condamné à payer au chapitre cathédral de Poitiers une rente sur
des terres qui semblent correspondre à l'emplacement de la Charletterie. Le
27 septembre 1621, Jacques Charlet donne en dot le domaine, alors appelé "la
Grange à l'Humeau ou la Charletterie", à sa sœur Jeanne Charlet lorsqu'elle
épouse Jean Jarno, écuyer, sieur du Lac. Jeanne Charlet meurt le 14 novembre
1647 et son mari Jean Jarno le 30 août 1650. Le 5 septembre 1674, leur fils
Marc Jarno vend la Charletterie à René Ligonnière, professeur de rhétorique
à Poitiers, et à son épouse Anne Petit. Celle-ci se manifeste le 16 mai 1706
auprès des autorittés pour se plaindre de vols commis par trois écoliers
dans son pigeonnier. En 1727, la Charletterie appartient à André Babin,
procureur au présidial de Poitiers et gendre de René Ligonnière, puis en
1752 à son propre gendre, Antoine-Louis Blondé de Messemé, président
trésorier de France au bureau des finances de Poitiers. Elle est ensuite en
1769 la propriété de la veuve de Pierre-François Augron,
Françoise-Marguerite Mornet, puis celle de son fils Jacques-François Augron
(1735-1810), seigneur de Rouilly, conseiller au conseil supérieur de
Poitiers. Lorsque celui-ci meurt sans enfants, elle est attribuée par
adjudication devant le tribunal de première instance de Poitiers, le 12
janvier 1814, à ses héritiers, dont Adolphe Duchesne de Denant, écuyer de la
duchesse de Berry, époux de Clémentine de Vathaire, et surtout descendant
par sa mère des Blondé de Messemé.
Le 21 février 1822, Adolphe Duchesne vend à René-Pierre Moricheau-Beauchamps,
médecin à Poitiers, et à Marie-Claire Gérard son épouse, le domaine de la
Charletterie "consistant en maison de maître, logement de fermier, bâtiments
pour l'exploitation, vaste cour, prés, terres, bois taillis et futaie,
formant le parc attenant à la maison, terres labourables" en plusieurs
pièces, le tout d'une étendue de trente trois hectares environ. C'est
Beauchamps qui fait reconstruire le logis en 1827, selon le cadastre. Le
domaine passe ensuite à Jules Gérard, de Poitiers, sans doute un parent de
Beauchamps, et est acquis vers 1878 par le Père Henri Chambellan
(1834-1892), fondateur de l'Ecole apostolique située au 31 rue Saint-Denis à
Poitiers, et annexée au Collège Saint-Joseph. La Charletterie en devient une
maison de vacances. Jeux, retraites, séances de théâtre animent alors les
lieux. En 1906, à l'occasion de la liquidation judiciaire des biens de la
congrégation, une enquête auprès des habitants du quartier indique que le
Père Chambellan ainsi que six élèves du collège des Jésuites ont été inhumés
dans le parc du domaine, sans aucune trace écrite ni autorisation. Un
échange de correspondance en 1959, au moment de la vente de la Charletterie
par les Jésuites, indique qu'il s'agit en fait de cinq élèves et d'un jeune
ancien élève, Louis Allio, décédé en 1892 à quatorze ans et qui fut le
dernier inhumé dans le domaine. Les Jésuites construisent par ailleurs en
1933 une chapelle placée sous le vocable de Notre-Dame-du-Lys. Pendant la
Seconde guerre mondiale, la Charletterie est occupée par les troupes
allemandes. Elle reste ensuite la propriété des Jésuites jusqu'en 1959, date
à laquelle elle est mise en vente au profit de la société immobilière
coopérative Baticoop, à l'initiative de plusieurs nouvelles constructions à
Buxerolles à cette époque. La vente est consentie à condition que la
chapelle reste attribuée au culte pendant cinq ans et que, dans ce cas, les
Jésuites en assurent l'entretien. Sinon le nouveau propriétaire pourra en
bénéficier à sa guise. Quant aux six tombes, elles semblent avoir été
retirées par les Jésuites au moment de la vente.
La propriété est délimitée par un clos de mur que l'on franchit au sud par
un portail à piliers maçonnés. Le domaine comprend un ensemble de bâtiments
à l'est et un vaste parc à l'ouest. A droite de la cour, côté est, se
trouvent les anciens communs de forme longiligne. A gauche de l'entrée, côté
ouest, se succèdent la chapelle, le logis et l'ancienne maison de métayer.
Le logis, couvert en ardoise, présente un toit à longs pans et croupe marqué
par trois lucarnes à croupe sur le versant. La chapelle est de plan
basilical, commençant à l'est par un mur pignon et se terminant à l'ouest
par le choeur hémisphérique. Son style architectural se rapproche du type
scandinave, notamment par la forme et la hauteur du toit. La partie basse de
l'élévation présente un parement en faux moellon. Le toit, très haut, est
couvert d'ardoises. Ses longs pans sont coiffés au centre de la nef par un
décrochement en forme de toit en pavillon qui se termine par un beffroi.
Celui-ci est surmonté par un petit toit en pavillon que domine une croix
glorieuse. Le choeur quant à lui est couvert d'un toit à croupe ronde aussi
élevé que celui de la nef. Le mur pignon Est, par où s'effectue l'entrée,
ouvre par un groupe de sept baies hautes et étroites à arc brisé : la baie
centrale est entourée de chaque côté par trois autres, chacune plus petite
l'une que l'autre à mesure que l'on va vers l'extérieur. Le mur sud de la
chapelle ouvre par quatre baies accolées et dont les arcs brisés reposent
sur des colonnettes. Dans le prolongement des anciens communs, le
pigeonnier, rond, présente un toit conique recouvert en tuiles plates et
interrompu par des lucarnes. Il est surmonté en son centre par un lanternon
recouvert d'ardoises.
manoir de la Charletterie,rue du Pic Vert, 86180 Buxerolles, propriété
privée, ouverte pour les journées du patrimoine.
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