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Sous l'Ancien Régime, la Loubantière
est l'un des fiefs les plus importants et les plus possessionnés de
Buxerolles. Mentionné vers 1112 sous le nom de "Lobanterias", en 1221 sous
celui de "Lobantère" et en 1404 sous celui de "Loubantère", il relève de la
Tour Maubergeon de Poitiers à laquelle ses possesseurs rendent aveu et
hommage. En 1404, Michel Deau et son épouse Jeanne Mourault rendent ainsi
aveu au roi, acte mentionné par un dénombrement de 1755. La seigneurie
contient les principaux lieux-dits et exploitations agricoles de la
paroisse. Son territoire déborde sur les terres de Poitiers, aux portes des
faubourgs de Montbernage et de la Cueille-Aiguë. Nombreux sont ceux qui lui
doivent aveu et hommage pour leurs biens. Le 20 décembre 1446 par exemple,
Jehan Mourrant, licencié en droit et bourgeois de Poitiers, afferme à
Etienne et Prot Amouroulx une terre dépendant du domaine de Loubantière. Au
début du XVIe siècle, la Loubantière appartient à Jean de Frondeboeuf,
écuyer, seigneur de Saint-Mary et de Rouillac. Le 28 janvier 1512, il en
rend aveu au roi. L'acte précise que la seigneurie a auparavant appartenu à
Phelippes et Arnaud Pommereulx puis à Simon Mourault, échevin de la ville de
Poitiers et grand-père de Jean de Frondeboeuf. Le domaine comprend déjà une
garenne et un pigeonnier. La Loubantière passe ensuite à un cousin de
Frondeboeuf et neveu de Simon Mourault, François Doyneau (vers 1480-1552),
seigneur de Sainte-Souline, maire de Poitiers en 1509 puis échevin,
conseiller au Parlement puis lieutenant général de la sénéchaussée de
Poitou. Le 18 avril 1538, il rend aveu au roi pour la Loubantière "avec ses
appartenances de clousures, fuie et garenne". Sa veuve Rose Daniau rend aveu
le 9 juin 1566. La Loubantière passe peu après à leur fils, Joseph Doyneau,
seigneur de Sainte-Souline, gentilhomme de la chambre du roi, gouverneur de
Lusignan, remarqué lors de la défense de Poitiers contre le siège protestant
en 1569. Le 5 novembre 1603, sa veuve Louise de Clermont rend aveu au roi
pour la Loubantière au nom de leur fils René Doyneau. Celui-ci n'ayant pas
de descendance, la Loubantière est héritée par sa sœur, Isabelle Doyneau
épouse de Charles de Saint-Mathieu, vicomte de Châteaurocher.
La Loubantière apparaît en 1619 sur le tableau de François Nautré
représentant Poitiers. L'année suivante, le 17 juillet 1620, Isabelle
Doyneau fait don de la Loubantière, devant d'Auvergne et Vouzon, notaires au
Châtelet de Paris, à François de Villoutreys. Celui-ci rend aveu au roi le
23 septembre suivant. Trois ans plus tard, sa fille Anne épouse Benjamin de
La Rochefoucauld, seigneur d'Estissac, oncle de l'auteur des Maximes. M.
d'Estissac revend la Loubantière le 28 décembre 1648 à Jacques Ollivier,
écuyer sieur de la Chauvetère, élu en l'élection de Poitiers, époux de
Suzanne Richard. La seigneurie reste dans les mains de la famille Ollivier
jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Le 21 décembre 1720, Jacques Ollivier
afferme à Louis Laverré la métairie de la Loubantière comprenant "maison,
grange, celier, écurie, fournioux, jardin, closture derrière le logis". En
1744, à la mort sans descendance du dernier Jacques Ollivier, la Loubantière
passe à son beau-frère, Pierre-Philippe de Vaucelle, seigneur de la Varenne,
la Chauvetière et la Razillière, époux d'Anne-Olive Ollivier. Il rend aveu
au roi le 27 juillet 1755, imité par son fils et sucesseur Pierre-André-René
de Vaucelle le 11 août 1763. Le logis est reconstruit en 1762. A la même
époque, la métairie qui lui est adjointe fait office d'exploitation prospère
dont plus de la moitié des terres sont en céréales et en froment. A la
Révolution, lorsque Louis-Pierre-André de Vaucelle, fils et successeur de
Pierre-André-René, émigre, la Loubantière est saisie comme bien national.
Elle comprend alors: la maison de maître composée d'un rez-de-chaussée, avec
cave, une cuisine, quatre chambres, au-dessus une mansarde avec trois
chambres, deux greniers, une remise, une écurie avec grenier au-dessus,
trois tonneaux, deux cuviers avec un pressoir. Le logement de métayer, dans
la cour, comprend deux chambres, un grenier, une buanderie, une grange et
une écurie, une mare alimentée et cimentée, une grande cour et un puits. Le
jardin fruitier est clos de murs. Dans un autre jardin presque tout en pré,
renfermé de murs, se trouve la fuie. Le domaine est racheté le 19 prairial
an 2 (7 juin 1794) par M. Véron, aubergiste à Poitiers, à qui il appartient
en 1817 selon le cadastre. C'est chez son descendant que l'autel
gallo-romain dit "de Buxerolles" se trouve en 1862 lorsqu'il est donné à la
Société des antiquaires de l'Ouest.
Le domaine est situé dans son entier clos de murs. L'entrée principale se
trouve au sud, sur la voie communale au numéro six. Là, un premier portail à
piliers maçonnés ouvre sur une longue allée d'arbres. La grille de ce
portail est surmontée par une traverse portant couronnement en métal. Au
bout de cette allée se trouve une seconde clôture avec piliers maçonnés et
grille, au-delà desquels s'étend la cour. Celle-ci est également accessible
par l'est, par le chemin de la Loubantière. Là se trouve un autre portail
avec chasse-roues et dont les piliers maçonnés supportent des acrotères avec
amortissement en forme d'étoile. A gauche de ce portail, on observe une
porte à arc en plein cintre. Le clos de mur est enfin marqué, à son angle
sud-ouest, par une petite tour ronde, reconstitution récente d'une tour
identique plus ancienne. Le logis se trouve au fond de la cour, au nord-est.
Son toit à longs pans brisés est couvert en ardoises. Il ouvre au sud-ouest
par quatre travées se prolongeant par des lucarnes sur le brisis, avec
frontons en arc segmentaire. Plusieurs communs et dépendances encadrent le
logis : un petit édifice au sud-est, un vaste bâtiment de plan massé à
l'est, une aile au nord-ouest de la cour. Au-delà de cette dernière se
trouve notamment un pigeonnier rond.
manoir de la Loubantière 86180 Buxerolles, propriété privée, ne se visite
pas.
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