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Le manoir de la Bertholière date probablement de la fin du XVe siècle ou du
début du XVIe siècle. Il constituait une enceinte défensive,
approximativement carrée, dont le tracé est visible sur le plan cadastral de
1826. Le logis, remanié, mais toujours présent de nos jours, occupait le
côté ouest de l'enceinte. Ses différents niveaux étaient desservis par une
tour d'escalier circulaire aujourd'hui disparue, accolée à l'élévation
orientale. Cette tour est présente sur le plan cadastral de 1826 mais elle
disparaît à une date inconnue au XIXe siècle. Des ouvertures murées qui
communiquaient avec cet escalier en vis sont toujours visibles. Le plan
cadastral de 1826 révèle aussi l'existence de plusieurs bâtiments disparus
qui occupaient les différents côtés de l'enceinte. Enfin, le tracé en arc de
cercle de la parcelle au nord-est du logis suggère la présence autrefois
d'une tour circulaire défensive dans cet angle. Une photographie de Jules
Robuchon, datant du début du XXe siècle, témoigne de l'existence d'un
portail au nord de l'enceinte. Ce portail était composé d'une porte cochère
en arc segmentaire et d'une porte piétonne, surmontées d'un mâchicoulis et
encadrées de deux colonnes. Ce portail a probablement disparu lors des
décennies suivantes. Selon la tradition, il aurait été vendu et envoyé aux
États-Unis entre les deux Guerres Mondiales. Le logis et le pigeonnier
datent probablement de la fin du XVe siècle ou du XVIe siècle. Le logis a
conservé de nombreux éléments anciens: plusieurs encadrements d'ouvertures
(encadrements de baies chanfreinés ou moulurés en cavet), une cheminée dans
l'étage de soubassement, une bretèche. Le logis a cependant été largement
remanié au XIXe siècle: la destruction de la tour d'escalier a nécessité la
construction d'un nouvel escalier et la réorganisation intérieure du
bâtiment; beaucoup d'ouvertures, notamment au rez-de-chaussée et au premier
étage, ont été percées, modifiées ou agrandies au XIXe siècle. En 1827, le
logis comprend 15 ouvertures, soit moins qu'aujourd'hui, ce qui suggère le
percement de plusieurs ouvertures au XIXe siècle.
Le manoir appartenait à la famille de Laage de la Bertholière. Les armoiries
de cette famille sont gravées sur deux écus sur la corniche du pigeonnier,
ce qui suggère qu'ils détenaient le domaine depuis la fin du XVe siècle ou
le début du XVIe siècle. Ils étaient toujours propriétaires du domaine en
1826, lors de la réalisation de l'ancien cadastre. A cette date, ils
possédaient également, dans la commune de la Bussière, le château de Foussac,
le manoir de La Bussière et de nombreuses fermes dans la commune. En 1841,
le château est passé aux mains de Frère et Chambardelle, puis en 1851 d'Edouard
Frère, avant de devenir la propriété de Charles Delatouche en 1857. Le
manoir a été acheté par la commune de La Bussière à la fin des années 1960.
Un village de vacances est alors aménagé autour du logis et cinq tours sont
construites pour accueillir les vacanciers. Le logis est restauré et aménagé
à l'intérieur. Le pigeonnier est également restauré ; son lanternon et une
lucarne, visibles sur les photographies anciennes, sont alors supprimés.
Vers 2000, les bâtiments sont jugés inadaptés : de nombreuses maisons
individuelles sont construites pour loger les touristes et quatre des cinq
tours sont détruites, la dernière servant aujourd'hui à accueillir le
personnel. Le manoir de la Bertholière est l'un des nombreux édifices
contrôlant autrefois la vallée de la Gartempe. Le logis est un bâtiment de
haute taille, implanté sur la rive gauche, à environ 300 mètres de la
rivière.
Le manoir est composé d'un étage de soubassement, accessible uniquement
depuis l'est du fait de la pente, d'un rez-de-chaussée surélevé et de deux
étages. Les angles du bâtiment sont légèrement arrondis. Il est coiffé d'un
toit à longs pans assez pentus, couverts en tuile plate. L'élévation
orientale est percée au niveau de l'étage de soubassement de deux portes et
de deux fenêtres, une troisième fenêtre ayant été murée. La porte et la
fenêtre situées à droite sont plus anciennes et présentent des pierres
d'encadrement chanfreinées. A gauche de la porte est visible le piédroit
d'une ancienne porte. Ces deux portes desservaient chacune une moitié du
logis depuis la tour d'escalier disparue. Sur cette même élévation, trois
grandes fenêtres éclairent le rez-de-chaussée et trois autres le premier
étage. Leurs encadrements sont similaires. L'encadrement d'une ancienne
fenêtre murée est encore visible au premier étage. Au second étage, deux
petites fenêtres ont des encadrements moulurés en cavet. Le mur pignon nord
est percé d'une seule fenêtre éclairant l'étage de soubassement. Les
corbeaux de latrines disparues sont visibles au rez-de-chaussée surélevé.
Les latrines du premier étage, intégrées dans une bretèche, ont été
conservées. Une console est constituée de trois quarts de rond successifs.
Quatre ouvertures ont été pratiquées dans les parois verticales de la
bretèche pour le tir défensif. Une fenêtre à encadrement chanfreiné est
murée au niveau du comble. L'élévation ouest est percée de deux baies à
chaque niveau. Au premier étage, une baie haute et étroite présente un
linteau mouluré en cavet en remploi. Les encadrements des deux baies du
second étage, comme sur l'élévation est, sont moulurés en cavet. L'élévation
sud, aveugle aujourd'hui, présente une fenêtre murée à encadrement
chanfreiné dans le comble.
A l'intérieur, un mur de refend, légèrement excentré au nord, divise les
niveaux en deux grandes parties. La cheminée la plus ancienne, adossée à ce
mur, est conservée dans le soubassement. Elle est constituée d'une grande
hotte adossée en pierre, de corbeaux moulurés, dont un est décoré d'un arc
brisé incisé, et de piédroits en forme de colonnettes. De nombreuses portes
intérieures présentent un encadrement chanfreiné. Un escalier récent dessert
aujourd'hui les différents niveaux. D'immenses poutres, dont une mesure
environ 80 centimètres de côté, soutiennent les solives des différents
plafonds. Le second étage présente deux fenêtres munies de coussiège (l'une
a l'ouest, l'autre a l'est). Des latrines sont aménagées dans une bretèche
sur le mur latéral nord. Au second étage également, une ouverture murée dans
l'élévation est communiquait probablement avec la tour d'escalier, ce qui
indiquerait que cette dernière s'élevait jusqu'au quatrième niveau du logis.
Le pigeonnier est situé au nord-est du logis. De plan circulaire, il mesure
environ dix mètres de diamètre et il est couvert d'un toit conique en tuile
plate. La porte d'entrée est relativement large, couverte d'un linteau en
bois et sans décor. Une corniche sur modillons ceinture la partie supérieure
de l'élévation. Deux écus sont sculptés sur cette corniche, l'un sur un
modillon à l'ouest, le second sur la mouluration de la corniche au sud, à
l'aplomb de la porte. Ces écus portent des armoiries identiques, celles de
la famille de Laage de la Bertholière: d'azur, à la fasce d'argent,
accompagné de trois croissants posés deux en chef et un en pointe. A
l'intérieur, le pigeonnier comprenait environ 40 rangées de 100 trous, soit
environ 4000 trous, mais un certain nombre ont été supprimés
(approximativement un quart).
manoir de La Bertholière 86310 La Bussière, propriété de la commune,
visible de l'extérieur.
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