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Le Colombier apparaît pour la
première fois le 10 juin 1502, lorsque Jean Gilier, propriétaire des
Rosiers, rend déclaration pour ses biens, dont des droits perçus sur la
terre du Colombier. Celui-ci est plutôt connu à l'époque sous le nom de la
Grande porte. Les 18 octobre et 3 décembre 1524, et le 10 décembre 1525,
Jacques Gaborit, marchand à Poitiers, achète à Claude Garnier, Magdeleine
Garnier épouse de Pierre Lemor, et Louise Garnier épouse de Guyon Chessé,
tous trois héritiers de leur père Pierre Garnier, "l'houstel et herbegerment
de la Grand porte avec ses appartenances et dépendances de granges, maisons,
prés, bois, vignes et autres", confrontant notamment aux terres de la
métairie des Rosiers. Jacques Gaborit meurt avant le 5 novembre 1551, date à
laquelle sa veuve, Aymerie Boyneau rend déclaration pour ses biens dont sa
maison, cette fois appelée "le Colombier, avec ses appartenances de
colombier, étables, entrées et issues". Peu après, le domaine passe à
Guillaume de la Hupraye, apothicaire à Poitiers: c'est à lui qu'appartient
en 1582 "le Colombier ou la Grande porte", selon l'appellation portée dans
un mémoire. Le Colombier échoit ensuite à la famille Carré, qui le possède
pendant une grande partie du XVIIe siècle. Le 15 juin 1629, un acte
d'échange de terres avec l'abbaye de Sainte-Croix, propriétaire des Rosiers,
indique que François Carré, docteur à la faculté de médecine à Poitiers,
futur maire de Poitiers, est "sieur de la maison du Colombier". L'une des
terres échangées dépend de la seigneurie des Rosiers et est "proche et
joignant les murailles et grange de la maison du Coulombier".
Le domaine passe ensuite au fils de François Carré, Louis, sieur de la
Linotière et du Colombier, puis à la veuve de ce dernier, Louise Girard. Par
un acte du 18 avril 1666, elle reconnaît devoir des droits de dîme à
l'abbaye Saint-Hilaire de la Celle de Poitiers. Elle y habite encore le 22
mars 1669 lorsqu'elle s'engage auprès de l'abbaye Sainte-Croix à faire murer
une porte qu'elle avait ouverte dans la muraille séparant les terres et bois
de l'abbaye et la maison du Colombier. C'est probablement à la famille Carré
que l'on doit les parties les plus anciennes actuellement visibles du
domaine, et notamment le logis. Il devait comprendre un corps central
encadré par deux pavillons latéraux. C'est ce que suggère un plan des
environs du Colombier, dressé en 1694 dans le cadre d'un contentieux, et sur
lequel est figuré le logis. De plan rectangulaire, perpendiculaire au
chemin, le bâtiment a ensuite été amputé, séparant un pavillon désormais
isolé du reste du logis, en limite de propriété au nord-ouest. Cette
modification a eu lieu avant la seconde moitié du XVIIIe siècle car elle
figure sur la représentation du domaine portée sur l'atlas de Trudaine. Elle
apparaît encore plus précisément sur le cadastre de 1819. Du XVIIe siècle,
le logis a conservé à l'intérieur un escalier droit à balustres, récemment
restauré, un sol dallé de pierre au rez-de-chaussée et deux cheminées dans
le pavillon. A l'extérieur, les trois lucarnes visibles sur les élévations
nord-est du logis, nord-est et nord-ouest du pavillon sont également de
cette époque, ainsi qu'une porte à encadrement chanfreiné au rez-de-chaussée
de la travée légèrement saillante du logis, ouvrant au sud-ouest.
Les élévations nord-est et nord-ouest du pavillon ont conservé leurs baies
du XVIIe siècle. Les cheminées visibles dans le pavillon latéral isolé
datent aussi probablement du XVIIe siècle. Le portail pourrait également
remonter à cette période. Les dépendances en conservent aussi des traces.
Une baie chanfreinée, pouvant dater du XVIIe siècle, a été remployée dans le
mur nord-ouest du four. Les baies des dépendances situées face au logis, ont
des formes caractéristiques de cette époque : fenêtres à encadrement
chanfreiné, portes à arc en plein cintre et encadrements en bossage. Des
encadrements de lucarnes typiques de la même période, et provenant peut-être
de la partie disparue du logis, ont été remployés dans les maçonneries. Un
graffiti visible sur le sommier de la porte située la plus au nord-ouest
comporte une date "164...". Enfin la grange, mentionnée dans les archives
dès le XVIIe siècle, pourrait aussi remonter à une époque ancienne puisque,
comme la plupart de toutes ces dépendances, elle apparaît déjà sur le
cadastre de 1819 et semble avoir peu changé depuis, si ce n'est quelques
reprises de maçonnerie. Au milieu du XVIIIe siècle, la carte de Cassini
figure l'enclos du Colombier. A cette époque, le domaine appartient à
Jean-François de la Lande de Vernon (1673-1736) puis à son fils, également
prénommé Jean-François. La fille de celui-ci, Charlotte (1736-1823) épouse
le 15 janvier 1788 à Mignaloux Jean-Hercule Decar, ancien capitaine au
régiment de Normandie. Emigré sous la Révolution, ses biens sont saisis mais
lui sont ensuite probablement restitués puisqu'en 1819, sur le cadastre, il
est toujours propriétaire du Colombier.
A cette date, le domaine comprend les bâtiments autour d'une cour, un
jardin, huit parcelles de labour, deux parcelles de vigne, un pré, une
pâture, un taillis, une mare, une parcelle laissée inculte et un petit
bâtiment aujourd'hui disparu. M. Decar meurt en 1821 et son épouse en 1823,
sans postérité. Le domaine passe ensuite à M. Verdier-Delisle, qui possédait
la ferme du Coudroux au moins depuis 1819. Quelques années plus tard lui
succède Louis Bobin, qui est également propriétaire de la ferme du Coudroux
au début des années 1830. En 1838, c'est Pierre-Henri Joly, avocat, maire de
Poitiers et propriétaire de la ferme voisine des Rosiers, qui achète le
domaine. Il afferme pour sept ans la métairie du Colombier aux époux Pierre
Touron et Radegonde Auté le 29 juin 1838. Cet acte est renouvelé pour neuf
ans le 25 août 1844. Mais le 31 octobre 1847, l'acte est résilié car les
conditions prévues par le bail n'étaient pas remplies. En 1853, Joly fait
des travaux sur les bâtiments du domaine, touchant probablement aux
dépendances: le cadastre mentionne en effet une démolition et une
construction de bâtiment. En 1880, le Colombier est acquis par François-René
Bruand, horticulteur à Poitiers, boulevard Saint-Cyprien. Il y installe les
pépinières Bruand, qui s'étendent sur 70 hectares. Le cadastre signale une
construction nouvelle en 1901: il pourrait s'agir d'une dépendance, ou
éventuellement de la ferme voisine accolée à la grange au sud-est. Il reste
en effet difficile de préciser à quelle date peuvent se rapporter les
différentes modifications observables sur les bâtiments pour le XIXe siècle.
La plupart des baies visibles sur le logis datent de cette période. Le four
est aussi construit à cette époque, remployant des pierres utilisées dans la
construction d'une précédente dépendance visible sur le cadastre de 1819
entre le logis et la grange. Une nouvelle dépendance est aussi édifiée,
comblant le vide visible sur le cadastre de 1819 entre la grange et les
dépendances situées face au logis. Une autre dépendance, située sur la
parcelle 91 du cadastre de 1819, a disparu. En revanche, la mare et le
jardin ont conservé les emplacements qu'ils occupaient en 1819. En 1902, le
fils de François-René Bruand, Georges Bruand hérite du domaine et des
pépinières. Les pépinières Bruand prennent ensuite le nom de Viaud-Bruand et
fonctionnent jusque vers 1940. Dans la première moitié du XXe siècle, le
Colombier aurait été occupé quelque temps par une institution religieuse,
peut-être avant l'achat du domaine par le distillateur Barré. Après Bruand,
le domaine est vendu à Alexandre Barré, distillateur. Il reste dans cette
famille jusqu'en 1990, date à laquelle s'installent les propriétaires
actuels. Depuis lors, les bâtiments sont peu à peu restaurés.
Le domaine du Colombier se compose de bâtiments autour d'une cour, fermée
sur la voie par un portail. Ce dernier ouvre au nord-ouest et se compose
d'une porte charretière et d'une porte piétonne, couvertes d'arcs en plein
cintre à clefs et sommiers saillants. Ses chasse-roues sont encore bien
visibles. Le mur de clôture est orné de pilastres, dont l'un comporte un
décor en bas-relief sur le chapiteau : très abîmé, il semble figurer un
bucrane au centre d'une couronne végétale fermée par une cordelette. Une
mare se trouve devant le mur de clôture, vers le nord. Le logis se trouve au
sud-ouest de la cour, entre cour et jardin. Il devait être perpendiculaire à
la route, puis après la destruction d'une partie du bâtiment, le pavillon
s'est trouvé aligné sur la route, alors que le logis était désormais
implanté en retrait. Le pavillon présente une travée sur ses élévations
nord-est et nord-ouest. Il comporte un étage carré et un comble, et il est
couvert par un toit en pavillon. Sur la façade nord-est, deux fenêtres à
encadrement saillants sont superposées, et surmontées par un oculus
éclairant le comble, avec ailerons à volutes et corniche cintrée et
moulurée. La lucarne ouvrant au nord-ouest est rectangulaire, couronnée par
un fronton et encadrée d'ailerons à volutes. Sur l'élévation sud-est, on
remarque trois baies, dont celle de l'étage, à arc en plein cintre, clef et
sommiers saillants. Celle-ci était probablement une porte permettant la
circulation entre le pavillon et la partie du corps de logis disparue. Les
deux autres baies ont un linteau orné d'une clef saillante.
A l'intérieur, au rez-de-chaussée, on trouve un sol en dalles de pierre
irrégulières et une cheminée partiellement engagée, couronnée par une
corniche moulurée : cette pièce était probablement la cuisine. A l'étage
subsiste une cheminée de même type mais plus ornée, indiquant que cette
pièce avait fonction de réception. Les contrepoids des cheminées sont
visibles sur l'élévation sud-est du pavillon. Les maçonneries du bâtiment
sont renforcées par des tiges métalliques visibles sur les élévations
nord-est et sud-est. L'actuel logis présente quatre travées en façade et
cinq baies au rez-de-chaussée. L'élément le plus remarquable est une
lucarne, presque identique à celle décrite pour le pavillon. Cinq baies sont
couvertes d'un linteau avec clef saillante. La porte est latérale (à droite)
et ouvre sur la cage d'escalier. Y subsiste un escalier droit rampe sur
rampe à balustres. Une cave voûtée se trouve sous le logis, à laquelle sont
reliés deux souterrains qui mèneraient aux domaines des Touches et de la
Cigogne. La façade sur jardin ouvre notamment par une porte surmontée d'une
clef taillée en pointe de diamant. Au sud-est du logis se trouve le four
couvert d'un toit à longs pans. Dans son mur nord-ouest a été remployée une
fenêtre à encadrement chanfreiné plus ancienne. Entre le four et le logis se
trouve une citerne. A l'ouest de la propriété, la grange ouvre sur la cour
par une façade en pignon, percée d'une porte charretière couverte par un
linteau en bois surmonté d'un arc de décharge. Au-dessus, se trouve une
petite fenêtre semi-circulaire. Dans le mur du fond de la grange, on
remarque une porte et une fenêtre murées, qui ouvraient sans doute sur la
ferme voisine.
La cour est fermée au nord-est par plusieurs dépendances construites les
unes dans le prolongement des autres. Accolé à la grange se trouvait un toit
à cochons, puis un autre toit avec une petite baie à encadrement chanfreiné
à gauche. Le corps de bâtiment suivant possède une porte à arc en plein
cintre, à gauche de laquelle un encadrement de lucarne à ailerons en volutes
à été remployé. Le dernier corps de bâtiment, au nord-ouest du tout, est le
plus remarquable, par sa haute porte en arc en plein cintre surmontée d'une
lucarne à fronton cintré. L'arc est à clef et sommiers saillants. La
fonction de ces deux derniers corps de bâtiment est difficile à déterminer :
ils pourraient avoir servi d'écurie ou d'étable. Toutes les dépendances sont
couvertes en tuile creuse, tandis que le pavillon et le logis sont couverts
en tuile plate. Le jardin se déploie à l'arrière du logis. Il est clos de
murs au nord-est et au nord-ouest. Au sud-est se trouve une rangée de
tilleuls anciens. Au nord-est, une porte donne accès à la ferme voisine, où
se trouve un puits qui était commun aux deux propriétés.
manoir du Colombier, 246 impasse du Colombier, 86500 Mignaloux-Beauvoir,
propriété privée, ne se visite pas.
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