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La tradition locale a longtemps attribué la construction
du palais au vicomte de Turenne Raymond IV. L'ouvrage d'Henri Ramet, paru en
1920, l'a fait évoluer en faveur d'un Bernard Raymundi, fils de Raymond IV,
qui aurait fait fortune en qualité de receveur général des impôts en Poitou,
Limousin et Gascogne : commencé vers 1280, l'édifice aurait été achevé vers
1330 par son gendre Pierre Stéphani, Bernard Raymundi étant décédé en 1318.
Outre qu'il ne pourrait s'agir que de Raymond VI, l'attribution proposée par
H. Ramet repose sur une note du fonds Lacabane (aux Archives départementales
du Lot ) qui n'a jamais été vérifiée, et qui serait en contradiction avec
les documents collectés par L. de Valon (1912-1913) qui relève en
particulier que d'après certaines sources les Stéphani se seraient titrés
"seigneurs de la Raymondie" dès 1297 et auraient peut-être tenu l'édifice
dès 1262, et surtout qu'en 1329, les héritiers de feu Bernard Stéphani
possédaient "l'hôtel neuf de la Raymondie". L'hôtel appartient à Pierre
Stéphani, seigneur de la Raymondie et de Gigouzac, en 1350, et les Stéphani
puis les Stéphani de Valon hommagent au vicomte de Turenne pour la Raymondie
en 1362, vers 1421 et vers 1445. La construction, les formes et le décor
sculpté montrent une grande homogénéité qui indique un chantier mené
rapidement, et donc, en fonction des informations dont nous disposons, dans
les années 1320, l'hôtel "neuf" pouvant être achevé en 1329 ; le
commanditaire, Bernard Stéphani, avait épousé en 1290 une Belcastel qui lui
apporta en dot les droits que sa famille possédait sur la Raymondie. Les
analyses de dendrochronologie de l'une des charpentes ont cependant donnée
la date de 1332. Au début de la guerre de Cent ans, les consuls obtiennent
que la Raymondie puisse servir de dernier refuge à la population de la
ville. La tour d'escalier en vis installée dans l'angle nord-est de la cour
semble bien appartenir à une importante campagne de travaux du XVIe ou du
XVIIe siècle, au cours de laquelle les galeries sur cour ont été modifiée
pour l'une et supprimée pour l'autre. H. Ramet a donné une liste des
propriétaires successifs de la Raymondie, dont la commune prend à ferme une
partie à la fin du XVIIIe siècle puis l'acquiert après la Révolution. Les
fenêtres de la Raymondie figurent dans l'ouvrage de Verdier et Cattois en
1857, et l'édifice est classé Monument historique en 1906. Une première
campagne de restauration intervient avant 1920, puis les travaux des années
1935, 1944 et 1947-1948 aboutissent à la reconstitution de la majeure partie
de la façade principale sur la rue Senlis. Plusieurs campagnes de travaux se
sont succédé depuis 1950, la plus récente a porté sur la restauration de la
voûte du premier étage de la tour. Peut-être construit sur l'emplacement
d'un édifice vicomtal antérieur ou sur des parcelles remembrées, l'hôtel
occupe une vaste superficie en bordure de la place du marché (aujourd'hui
place du Consul), agrandie à la fin du XVIIIe siècle par la destruction d'un
îlot comprenant une maison et la Maison de Ville. L'implantation très
régulière des façades sud (sur la rue Senlis), est et ouest suppose une
importante modification du parcellaire en revanche mieux conservé dans la
partie nord. L'état de conservation de l'édifice permet d'en restituer les
principales dispositions du début du XIVe siècle. L'hôtel se composait de
quatre corps de bâtiment et d'une tour sur l'entrée, côté place du marché,
entourant une cour qui était bordée de galeries au sud et à l'ouest et où se
trouvait un puits. Le corps principal, au sud, ouvrait sur la rue par une
série continue d'arcades en rez-de-chaussée et des jours d'entresol, et à
l'étage par neuf fenêtres rectangulaires, à larmier, croisée et quadrilobes
dans la partie supérieure, dont deux triplets, liées entre elles par les
cordons d'appui et d'imposte. Les séries d'arcades et de fenêtres se
poursuivaient sur l'élévation ouest et sur la tour. En revanche, les
élévations est et nord étaient presqu'aveugles, à l'exception d'une fenêtre
à croisée semblable aux autres au premier étage de l'élévation nord. La tour
compte trois étages au-dessus du passage d'entrée, dont le premier est une
salle couverte d'une voûte d'ogives de trois travées. Les arcades de la
galerie qui longeait le corps principal côté cour sont partiellement
conservées. L'existence de la galerie ouest, qui a totalement disparu, est
attestée par les séries de corbeaux et de trous de poutre qui subsistent
dans l'élévation ouest, et les piédroits d'une arcade, en rez-de-chaussée,
et d'une fenêtre à l'étage. Trois tourelles en encorbellement étaient
disposées aux angles extérieurs sud-ouest, sud-est et nord-est de l'édifice.
Les toitures à deux versants sont à pignon découvert. L'une des charpentes
est datable du XIVe siècle. Une souche de cheminée polygonale est conservée
au sommet de l'élévation nord de l'aile nord, au-dessus d'un crénelage dont
ne subsistent pas de traces dans les autres élévations.
Éléments protégés MH : l'ancien hôtel de la Raymondie : classement par
arrêté du 16 octobre 1906. Les façades sur rue et sur cour de la partie de
l'ancien hôtel de la Raymondie donnant sur la rue de Senlis : classement par
arrêté du 21 octobre 1926. Les parties de l'ancien hôtel située sur la place
du Marché et sur la rue Tournemire : inscription par arrêté du 9 décembre
1926.
Hôtel ou palais de la Raymondie 46600 Martel, actuellement hôtel de ville.
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