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A l'origine, La Caucherie n'était pas une terre
seigneuriale, mais une ferme nommée La Guillebeudrie. En 1550, celle-ci
était tenue à cens de l'abbaye Notre-Dame de Boulogne par Engrand Beaufilz.
La maison ayant été détruite par les Anglais, Beaufilz remit la terre aux
mains de l'abbé. La Guillebeudrie passa alors entre diverses mains
dont celles de François Hibon, échevin de la ville de Boulogne. Ce serait le
duc d'Aumont, gouverneur du Boulonnais, qui lui aurait donné le nom "la
Caucherie". En 1677, la propriété revint à son troisième fils. Jacques Abot
de Bazinghen, seigneurie qu'il avait acquise et dont il prit le nom.
Celui-ci fut procureur du roi en la maîtrise des eaux et forêts du
Boulonnais. Il transforma la demeure héritée de son père en lui adjoignant
un corps de logis à étage et une chapelle à dôme faisait aile de retour sur
la cour, elle comportait une sacristie et une tribune. En 1705, les travaux
débutèrent mais ils n'étaient pas finis en 1716, date de la mort de Jacques
Abot. Auparavant, celui-ci avait voulu se faire aménager un jardin à la
française. En 1698 au cours d'un voyage à Paris, il s'était entretenu de son
projet avec
André Le Nôtre,
dans ses plans, le paysagiste dut tenir compte de ce qui avait déjà été
réalisé : d'importants travaux de terrassement et d'adduction d'eau avaient
déjà été entrepris. Les plans de Le Nôtre furent confiée à un certain
Nourrissart et un jardinier parisien nommé Nicolas Robin, que l'on sait
avoir travaillé à la Caucherie jusqu'en 1700, dut être le collaborateur de
celui-ci. En 1716, la propriété revint au neveu de Jacques Abot, François
Abot de Bourgneuf. Celui-ci fut inspecteur des troupes boulonnaises; en
1705, il avait épousé sa cousine Marie Gabrielle Le Roy de Lozembrune. Il
poursuivit la construction du château, mais ayânt perdu cent mille livres
dans une banqueroute, il fut obligé en 1720 de le louer à divers locataires.
En 1898, la propriété a été rachetée par Robert de Rosny, père du baron Jean
de Rosny, polytechnicien et ancien officier, l'actuel propriétaire; son
petit fils, François, habite la Caucherie et en héritera. En dépit de
son aspect général, ce château est une œuvre qui a été réalisée au XIXe
siècle. La grande unité de l'ensemble en fournit la preuve ; les baux de
location du XVIIIe siècle ne peuvent s'appliquer à cette demeure. On
remarque également que les armoiries supportées par deux lions qui figurent
au fronton du côté cour ne sont pas celles des Abot, mais celles de l'amiral
Vattier, colonel des marins de la Garde Impériale, celui-ci ne posséda pas
la Caucherie, mais il y résida souvent sous la Restauration et la Monarchie
de Juillet; il avait épousé une fille de Gabriel Abot. L'édifice comprend un
long corps de logis que prolongent à chacune de ses extrémités deux ailes
saillantes tant du côté cour que du côté jardin, mais c'est le jardin qui
donne à ce château tout son intérêt. Il est incontestable que même si l'âge
puis la mort l'ont empêché de venir sur place,
André Le Nôtre
a fourni des plans, des idées pour sa réalisation. Le jardin comprend une
partie haute qui s'étend en longueur en face du château et une partie basse
latérale qui forme un rectangle situé à 5 m en contrebas de la première. Le
jardin d'en haut est dominé par la terrasse du château qui était ornée de
vases en faïence. L'allée médiane mène à un grand bassin cylindrique doté
d'un jet d'eau. Au delà du bassin règne une seconde terrasse qui domine un
deuxième niveau de jardin. Si le jardin d'en bas a perdu ses dispositions
originelles, celui d'en haut a conservé l'essentiel des siennes. Des
pelouses ont remplacé les broderies ; les ifs taillés en figures, les
murailles ont disparu. La terrasse du fond, ses deux tourelles, la cascade
ont fait place à deux obélisques de marbre portant l'emblème du Roi Soleil.
château de la Caucherie 62280 Saint-Martin-Boulogne, propriété privée, ne
se visite pas.
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