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Le site d'Amboise, habité dès
l'antiquité, est une étape stratégique le long de la Loire. Un oppidum y est
construit sur un plateau entre la Loire et l'Amasse. En 504, Clovis roi des
Francs, et Alaric, roi des Wisigoths, se rencontrent sur l'Ile d'Or. Peu
après Clovis bat les Wisigoths à Vouillé en 507. Ces derniers abandonnent la
Loire et se replient vers le sud. Quatre cents ans plus tard, durant les
Invasions Normandes et en accord avec les rois de France, Charles le Chauve
et Louis le Bègue, Adalard, archévèque de Tours, dont la famille contrôle
Amboise, confie la garde de la place à deux de ses parents: Ingelger et
Sulpice Ier de Buzançais. Ingelger relève les fortifications de la ville.
Vers l'An Mil, Amboise est la place la mieux protégée de tout l'ouest de la
france. Au début du XIIe siècle, les seigneurs d'Amboise prennent le
contrôle complet de la ville et de toutes ses forteresses. Louis d'Amboise,
l'un des membres de la famille seigneuriale, participa en 1431 à un complot
contre Louis de la Trémoille, favori de Charles VII. Démasqué, il est
d'abord condamné à mort, avant d'être gracié. En revanche, son château lui
sera confisqué en 1434. Dès lors, Amboise entre dans le domaine royal, très
rapidement, Amboise devient une véritable demeure royale et Charles VIII en
fait un beau palais. Le fils de Charles VII, Louis XI, fait élever son
propre fils, le futur Charles VIII, à Amboise, pour des raisons de sécurité.
Étant né en 1470 au château, le dauphin Charles apprécie Amboise et en fait
sa demeure favorite. Il y est élevé sous la garde de Jean Bourré, seigneur
de Touraine. Charles VIII fit les premières constructions marquantes au
début de son règne, et entreprend de profondes modifications de 1492 jusqu'à
sa mort en 1498 : la chapelle Saint Hubert, l'aile dite Charles VIII, de
style gothique flamboyant, comprenant les logis du roi et de la reine, les
deux tours cavalières, la tour des Minimes et la tour Heurtault. Un parc est
aménagé sur la terrasse, on comptera plus tard le buste de Léonard de Vinci
et un mémorial pour les accompagnants d'Abd El Kader décédés à Amboise
durant sa captivité.
Passionné par la culture italienne qu'il a découvert pendant ses campagnes
en Italie, Charles VIII invite à Amboise de nombreux artistes italiens en
1495, dont Fra Giocondo et Dominique de Cortone qui vont totalement
transformer le Château à la mode de la Renaissance. Il fait également appel
à l'horticulteur Pacello de Mercogliano pour aménager les jardins. Mais
d'autres éléments seront supervisés par des artistes français. La
construction fut supervisée par Raymond de Dezest, bailli d'Amboise, avec
l'aide de trois architectes : Colin Biart, Guillaume Senault et Louis
Armangeart assistés des maitres Jacques Sourdeau et Pierre Trinqueau, c'est
plus de 250 maçons qui travaillaient en permanence sur ce chantier. Charles
VIII y mourut en 1498 à l'âge de 28 ans, après avoir heurté de la tête un
linteau de porte le 7 avril, se rendant au jeu de paume. Louis XII, son
successeur, y fait bâtir une seconde aile, perpendiculaire à l'aile Charles
VIII, dans un style renaissance. Il cède le domaine à Louise de Savoie qui
élève ses deux enfants, Marguerite et François d'Angoulême, lequel était
pressenti pour succéder à Louis XII. Lorsque Louis XII décède en 1515,
François Ier monte sur le trône, la cour va peu à peu se désintéresser du
château d'Amboise. Bien que sa construction continue, avec l'achèvement de
la tour Hurtault, le réaménagement de l'aile Louis XII, le Roi va préférer
d'autres demeures comme
Fontainebleau,
Blois,
ou
Chambord. Il invita Léonard de Vinci à
résider à Amboise dans le Clos Lucé situé près du château. Un
souterrain,permettant la communication entre les deux sites, fut percé.
Léonard de Vinci mourut en 1519 à Amboise, il fut inhumé d'abord dans la
collégiale Saint Florentin et ensuite dans la chapelle Saint Hubert. Henri
II, continuera l'agrandissement du château en ordonnant la construction
de nouveaux bâtiments sur la partie est. En 1560, sous le règne éphémère de
François II, Amboise fut le théâtre de la conjuration d'Amboise prélude aux
guerres de Religion. À partir d'Henri III, les séjours royaux se firent
rares, pour devenir quasi inexistants. Peu à peu, l'édifice se transforme en
prison de luxe pour les personnages de l'état. En 1626, César, duc de
Vendôme et son frère Alexandre, grand prieur de France, y sont internés pour
avoir conspiré contre Richelieu. Le château passe entre les mains du frère
du roi Gaston d'Orléans. Celui-ci y effectue quelques démolitions dans les
années 1660. Confisqué de nouveau par le roi, le château d'Amboise redevient
une prison. Louis XIV y fera enfermer Nicolas Fouquet et le duc de Lauzun.
Propriété du duc de Choiseul au XVIIIe siècle, celui-ci l'abandonne ver 1760
au profit de Chanteloup à quelques kilomètres au sud d'Amboise. Le château
passe ensuite entre les mains du duc de Penthièvre avant d'être confisqué
par la nation en 1792, en pleine révolution française. Une grande
partie du château fut démolie durant le 1er Empire, lorsque Napoléon offre
le château déjà en mauvais état à l'ex-consul Roger Ducos, lequel n'ayant
pas les moyens de le restaurer, préféra détruire les deux tiers du bâtiment
(la collégiale Saint Florentin et le logis des reines notamment) entre 1806
et 1810. Louis-Philippe Ier hérita du château par le biais de sa mère. Mais
il est de nouveau confisqué lors de la Révolution de 1848. A cette date, à
la suite d'un traité de reddition non respecté par les autorités françaises,
l'émir Abd El Kader y fut placé en captivité, avant d'être libérés par
Napoléon III en 1852. En 1873, Amboise repasse à la famille d'Orléans. Au
début du XXe siècle la restauration de l'édifice est entreprise par Monsieur
Ruprich Robert et son fils. (1)
Restaurations, transformations et destructions, ont altéré le château dont
la totalité des corps de logis étaient encore conservés dans le premier
tiers du XVIIe siècle, lorsque Louis XIII fit ajouter, vers 1620, une
demi-lune au-delà de la porte et du fossé des Lions, demi-lune qui vint
remplacer un ouvrage avancé antérieur. La tour Garçonnet perdit son
couronnement et sa cage d'escalier carrée fut transformée pour accueillir
une rampe à pas d'âne, les voûtes des tours cavalières furent quant à elles
rompues sur quelques travées pour condamner ces entrées du château. Quant au
fossé du donjon, il y a tout lieu de croire qu'il fut comblé par les
décombres du logis du Fossé alors abattu. Le caractère naturellement
défensif de la place, un éperon rocheux barré de deux fossés, est aux
origines du développement du site du château. La pointe occidentale
constituait le donjon, à savoir le lieu d'habitat et de repli. La défense y
était assurée par quatre tours circulaires placées aux angles du trapèze et
par deux tours carrées assurant le flanquement du fossé du donjon et, pour
l'une d'entre elles, côté ville, le contrôle de l'accès au promontoire;
enfin, par la tour pentagonale flanquant la porte orientale des champs qui
devint à la fin du XVe siècle la porte des Lions. De ces sept tours, quatre
ont disparu, les autres sont extrêmement transformées, mais il semble
pourtant qu'elles soient toutes contemporaines des XIIe-XIIIe siècles.
L'église Saint-Florentin fut bâtie dans la basse-cour autour de 1030. Par la
suite, furent ajoutées plusieurs chapelles, un cloître et des logis
canoniaux plus ou moins attenants, qui constituèrent les éléments
conditionnant les développements ultérieurs du château.
Le caractère fortifié du château fut accentué à partir du règne de Louis XI
(1461-1483) mais il développa aussi son caractère résidentiel avec de
nouveaux aménagements réalisés pour accueillir la reine Charlotte de Savoie
(1461-1483) et ses enfants. Louis XI repensa et renforça les accès par la
construction de la tour Garçonnet (1466), la porte des Lions et par des
ponts-levis dans la rampe d'accès méridionale. Conçue comme une tour
défensive, occupée à l'origine sur la moitié de sa hauteur par une vis
piétonne de plan carrée, éclairée de fentes de jour et équipée
d'archères-canonnières orientées face aux ponts de la Loire et adaptées à
l'emploi d'armes à feu semi-portatives et épaulées, la tour Garçonnet
possédait trois niveaux supérieurs dont les deux derniers étaient couronnés
d'un chemin de ronde. Les travaux à vocation résidentielle ont probablement
eu une ampleur que la disparition de nombreux corps de logis ne nous permet
pas d'appréhender clairement; à défaut, les mentions relevées dans les
différents fonds d'archives et l'analyse critique des sources
iconographiques proposent la restitution d'un ensemble castral cohérent.
Autour de la cour du donjon s'élevaient, au sud, dans le logis royal, le
logis du roi (premier étage) superposé à celui de la reine
(rez-de-chaussée), à l'ouest, un corps de bâtiment essentiellement dévolus
aux cuisines et offices, au nord, face à la Loire, une terrasse d'agrément
prenant place au-dessus d'une galerie fermée, enfin à l'est, une série de
logis et de communs, difficiles à dater mais qui auraient pu être hérités du
château antérieur.
La chronologie des chantiers de Louis XI reste toutefois complexe à
préciser. On sait que dès les premières années de son règne (1463-1464), il
fit détruire des bâtiments anciens, chargeant les édiles d'évacuer les
déblais tombant dans la ville. Les contraintes exercées par la topographie
du site et les anciens éléments architecturaux conservés déterminèrent la
surface disponible. Les comptabilités urbaines livrent les lieux de la ville
où s'accumulent les déblais et instruisent sur la localisation des travaux.
De plus, dans sa correspondance, Louis XI adresse des directives à ses
conseillers sur la tenue du chantier qui, confrontées aux sommes allouées
pour celui-ci précisent l'identification des bâtiments concernés. Ainsi,
conjointement à la construction de la tour Garçonnet (1466), le logis sud
fut édifié. Dans son état primitif, il était encore de dimensions modestes:
au rez-de-chaussée il accueillait le logis de la reine et au premier étage
celui du roi où, à côté de la chambre, la grande chambre servait aussi
probablement de salle. En 1474, débuta une seconde campagne: Louis XI
entreprit la construction de la chapelle du Saint-Sépulcre assise dans la
structure qui servit par la suite de soubassement à la chapelle Saint-Hubert
de Charles VIII, et commanda l'extension du logis sud, de manière à disposer
d'une véritable salle, séparée de sa grande chambre.
La présence de la Loire, la forêt giboyeuse et son attachement pour le lieu
décidèrent Charles VIII à faire d'Amboise sa résidence principale et le
château conserva ce statut, sous François 1er (1515-1547) jusqu'à son départ
pour la région parisienne vers 1525. En 1489, la mention de déblais (6480
tombereaux en deux ans) permet d'estimer l'ampleur des projets: il entreprit
dans la seconde cour des travaux de terrassement dont l'emprise se lit
encore parfaitement aujourd'hui dans les mouvements de terrain du
promontoire. Le nombre de tombereaux chargés correspond à quelques 6000 à
6500 m3 de terre déblayée, ce qui équivaut à une surface de 6000 m²
décaissés sur un mètre de profondeur en moyenne, que nous situons entre
l'emplacement de l'ancien fossé du donjon et la cassure de terrain qui
traverse le promontoire au niveau du nouveau logis de Charles VIII sur les
jardins. Il y a donc tout lieu de croire que, dès 1489-1491, Charles VIII
envisageait de construire le logis des Sept Vertus et le bâtiment de la
grande salle dans la seconde cour. L'implantation des jardins demanda des
travaux de terrassement encore plus importants et, nécessita pour soutenir
le terrain surplombant le décaissement, la construction d'un mur de
soutènement appelé couramment "le mur du logis canonial". La tour des
Minimes fut pensée comme une nouvelle entrée au château, dominant les logis
et débouchant sur les jardins.
Enfin, les motivations qui présidèrent aux projets du nouveau logis de
Charles VIII sur les jardins puis de la tour Heurtault sont, quant à elles,
liées aux jardins. Durant cette période, Charles VIII ajouta au logis de
Louis XI du donjon la chapelle Saint-Hubert, édifiée à l'aplomb de la
chapelle du Saint-Sépulcre. Si la date exacte du début des travaux demeure
inconnue, le chantier restait actif en 1495-1496. En 1498, à sa mort,
étaient édifiés dans la seconde cour: le logis des Sept Vertus, le bâtiment
de la grande salle, le jardin, une grande partie des tours cavalières et les
deux premiers niveaux du nouveau logis de Charles VIII sur les jardins. Le
bâtiment de la grande salle, dont le premier escalier d'honneur se trouvait
côté Loire, ne fut desservi par l'escalier "percé" que lors de l'édification
du nouveau logis de Charles VIII sur les jardins. En conservant le donjon et
en ne faisant édifier dans la seconde cour que les édifices à vocation de
réception, Charles VIII renforçait le dispositif sécuritaire. Contrairement
à Louis XI qui avait interdit l'accès au château à toute personne étrangère
à la famille royale, Charles VIII allait, au sein même du château, délimiter
des espaces privatifs et d'autres ouverts à la cour. Notre restitution de la
distribution met en évidence la double circulation qui avait été pensée pour
permettre de gagner depuis le donjon les édifices de la seconde cour. De
nouvelles galeries furent sans doute construites le long du logis du Fossé.
Jouant incidemment le rôle de balcon pour suivre les parties de jeu de
paume, elles étaient en outre défendues par le fidèle garde de Louis XI,
Hans Haquelebac, rendu célèbre par les récits de Philippe de Commynes
(1447-1511) .
Le logis des Sept Vertus, avec ses logis jumeaux aux dispositions atypiques,
dépourvus de chapelle et de retraits, était sans doute le logis d'apparat du
couple royal, celui où ils apparaissaient en public, où ils suivaient les
spectacles donnés dans la cour mais aussi, celui où logeaient les hôtes de
marque tel que Pierre de Beaujeu, duc de Bourbon, en janvier 1498. Le
bâtiment de la grande salle accueillant au rez-de-chaussée un espace dévolu
aux gardes royales puis, côté Loire, un promenoir introduisant la grande
vis, est occupé au premier étage par la grande salle du château; une salle
qui, dotée de deux vaisseaux de voûtes reposant sur une file de colonnes
centrales, affiche une filiation symbolique très forte avec la salle des
états de Blois ou celle du palais de la Cité de Philippe Le Bel. Les
aménagements et la distribution de ces logis révèlent la constante
exposition de la personne du roi dans sa vie de cour qu'elle soit
d'obligation ou d'agrément. Dans les galeries, le couple royal est en
représentation, qu'il suive les parties de jeu de paume ou contemple le
paysage de la Loire. Côté Loire et côté cour, des balcons longeaient les
façades du logis qui, à l'instar de la galerie du logis des Sept Vertus,
servaient pour les apparitions en public. Ainsi, la véritable distinction
entre vie publique et vie privée ne concernait pas tant Charles VIII que la
personne du dauphin. Si la vie du roi était toujours en représentation, la
vie privée du château se résumait à la présence du dauphin dans le donjon
qui assurait sa protection.
L'année 1495 marqua un tournant décisif dans l'histoire du chantier. Charles
VIII rentra d'Italie le 23 février 1496, et déjà étaient en travaux la tour
des Minimes ainsi que le nouveau logis de Charles VIII construit face aux
jardins. La morphologie des jardins montre leur filiation avec les horti
conclusi médiévaux de tradition française, filiation soulignée par le décor
de faux-créneaux animant le sommet du mur de soutènement du jardin, mais les
influences italiennes s'observent ponctuellement à travers, la terrasse
haute, la fontaine et l'orangerie comme si le grand jardinier transalpin,
Pacello da Mercogliano, avait ajouté, à son arrivée à Amboise en 1497,
quelques éléments italiens dans un jardin dont la conception générale était
déjà fixée. On sait aussi qu'à proximité immédiate des jardins, se
trouvaient le cabinet des oiseaux et le logis dit canonial qui fut, depuis
Charles VIII jusqu'au départ définitif de la cour en 1560, le logis de
l'Armurerie, sans doute achevé par François 1er, sorte de salle d'exposition
dans laquelle on admirait face aux jardins et à la Loire de rares pièces de
collection. L'armurerie fait office de fabrique de jardin. La tour des
Minimes, les jardins et le nouveau logis de Charles VIII sur les jardins
formaient un ensemble homogène pour lequel il est très délicat d'évaluer
dans quelle mesure le projet primitif, où le nouveau logis de Charles VIII
sur les jardins n'était pas prévu, fut modifié au retour d'Italie.
Il semble bien que ce fut pour installer les logis royaux face aux jardins
que Charles VIII choisit cet endroit, laissant le donjon à l'héritier de la
couronne à venir. Charles-Orland meurt le 16 décembre 1495, mais Charles
VIII n'est alors âgé que de 24 ans. Le projet était bien plus ambitieux que
le simple corps de logis que nous voyons aujourd'hui. Le logis devait
adopter des dispositions classiques où le logis de Charles VIII surmontait
celui d'Anne de Bretagne. Chaque logis se composait d'une enfilade de trois
pièces: grande chambre ou salle, chambre et garde-robe, par contre, les
espaces annexes qui ont disparu différaient l'un de l'autre. Côté jardin, le
projet ne fut pas mené à bien. Côté cour, la grande vis permettait désormais
d'accéder directement à la grande salle depuis la cour. Il n'était donc plus
nécessaire de passer côté Loire et l'on pénétrait dans celle-ci par une
porte ouvrant depuis le balcon suspendu. Ce changement ne demanda toutefois
que peu d'aménagement puisque la salle, en fin de construction en 1495,
avait pu être équipée d'une seconde cheminée placée sur le mur pignon
oriental, modifiant l'emplacement du "haut-bout". L'escalier desservait
aussi les grandes chambres du nouveau logis de Charles VIII sur les jardins.
L'accès privé aux logis se faisait quant à lui par la tourelle nord, côté
jardin, mais aussi par une vis installée dans une tourelle sobre accolée et
centrée sur la façade sur cour. Cette vis communiquait de surcroît avec la
chapelle assise sur un porche, qui jusqu'à maintenant était identifiée, à
tort, comme un appendice relevant des aménagements de Catherine de Médicis.
Parallèlement aux aménagements résidentiels, Charles VIII ne renforça que
faiblement le caractère défensif du lieu. La canonnière à la française
battant le fossé des Lions est directement à mettre en rapport avec les
coups de sabre visibles dans la contrescarpe de la demi-lune du XVIIe siècle
qui indiquent que celle-ci remploya la contrescarpe d'un ouvrage avancé
antérieur. Les canonnières basses des tours cavalières étaient adaptées à
l'emploi d'armes de gros calibre. Les canonnières perçant l'allège des baies
des deux tours cavalières furent conçues pour des arquebuses mais leur
efficacité étant sans doute limitée, elles jouaient un rôle avant tout
dissuasif. Finalement, ces tours imposantes et massives constituaient de
parfaits trompe-l'oeil d'ouvrages militaires. Le 7 avril 1498, à la mort de
Charles VIII, les travaux étaient loin d'être achevés; entre 1499 et 1505,
Louis XII (1498-1515), limita ses interventions à mettre hors d'eau les
bâtiments. Ainsi, le nouveau logis de Charles VIII sur les jardins, le
jardin et la tour Heurtault conservent, dans leurs maçonneries, les traces
de cette rupture de chantier et, dans leur ornement, l'apparition des formes
renaissantes. En 1516, François 1er (1515-1547) fit ajouter au nouveau logis
de Charles VIII sur les jardins un étage, suréleva en même temps les
tourelles d'accès et fit percer dans la tourelle circulaire nord une porte
tournée vers la terrasse de la tour des Minimes.
Le projet ne fut toutefois pas mené à terme et ni le couronnement de la tour
des Minimes ni la galerie du portique des Quatre Travées ne furent
construits. Le plan de François 1er manifeste cependant une innovation en
matière de distribution car le logis du roi se trouvaient sous ceux de la
reine; autrement dit, il occupait le logis primitif d'Anne de Bretagne, ceux
qui sont de plain-pied avec le jardin. Cette distribution où le logis de la
reine se trouve au-dessus de ceux du roi fut par la suite adoptée au vieux
Louvre pour Éléonore d'Autriche. Si l'on peut considérer que les travaux de
Louis XII et François 1er se déroulèrent dans la continuité de ceux de
Charles VIII, il en va tout autrement des travaux d'Henri II et Catherine de
Médicis qui ne semblent pas avoir été sensibles à la politique
d'embellissement du site menée jusque-là. Le donjon que l'on conservait
toujours pour les mêmes raisons de sécurité, mais aussi pour disposer, en
outre, de capacité de logement importante, ne connut apparemment pas de
modifications majeures. On se contenta d'aménagements secondaires, Catherine
de Médicis fit installer sa chambre dans la tour-porche et convertit la vis
privative mitoyenne en cabinet attenant à sa chambre. Les autres pièces de
l'appartement furent occupées par une antichambre, une salle et des chambres
pour les filles de la reine. En outre, les appartements du roi et de la
reine n'occupaient plus le même bâtiment; le logis d'Henri II fut construit
en empiétant sur les jardins. Reliés par un passage couvert à ceux de la
reine, ces appartements annexèrent une partie du portique des Quatre Travées
pour installer la salle des gardes du roi et se prolongèrent jusqu'au-dessus
de la tour des Minimes où fut édifiée la grande salle. La grande salle
primitive, sise dans le bâtiment sur Loire, se trouva quant à elle convertie
en salle de bal...
Au XIXe siècle, Amboise était présentée comme le foyer des premiers artistes
italiens ramenés par Charles VIII mais les travaux initiés par les colloques
dirigés par Jean Guillaume, ont nuancé cette thèse. Pourtant le
rapprochement entre les tours cavalières et le château Saint-Ange de Rome,
tant pour la rampe cavalière intérieure de ce dernier que pour son aspect
extérieur, est frappant. C'est d'autant plus valable pour la tour Heurtault
qui, dépourvue de couronnement, présente des proportions trapues, proches de
celles du fort papal. Par ailleurs, le talus de la tour Heurtault reçoit un
traitement identique à celui ornant la base d'une des tours du castel Nuevo
de Naples. Et l'on peut y voir, là encore, le détournement de la recherche
militaire sur le tracé tenaillé de la tour casematée à éperon à des fins
ornementales. Or, Charles VIII vit ces deux édifices. Pour cette
"ville-pont" devenue "ville-château" que constitue la cité amboisienne, la
réponse va de soi; les formes italianisantes sont quasiment inexistantes et
les travaux d'urbanisme, ne répondaient pas à une politique cohérente, si ce
n'est la priorité accordée aux travaux d'entretien et d'embellissement des
zones mitoyennes du château tels que le Petit Fort, le port, le Carroir au
pied du château, les deux grandes rues longeant le promontoire castral (la
rue de la Concorde et la Place Michel Debré) et la Masse, mais qui au fond
n'étaient dictées que par le désir royal.
Avec ses logis d'apparat et de réception de style gothique, mais dont la
fonction est totalement inédite, le château d'Amboise occupe une place
charnière dans l'architecture française. C'est un château-fort renaissant où
résidence et défense cohabitent et s'imbriquent sans jamais prendre le pas
l'une sur l'autre. À l'instar du Louvre de Charles V, les campagnes
successives de travaux aboutirent à une "forteresse qui se transforme en
palais réunissant les recherches d'une habitation royale à la défense
extérieure" (Eugène Viollet-Le-Duc) . À Amboise, les tours cavalières
symbolisent sans doute, à nouveau, au mieux la mixité des programmes et
l'ambition d'un projet princier qui renoue avec ceux de la fin du XIVe
siècle où: "L'imagination créatrice s'exprimait par la virtuosité formelle
voulue et commandée par le prince: les châteaux du Louvre, de Saumur, de
Mehun-sur-Yèvre sont bien des châteaux de fantaisie: les structures
dentelées qui surmontaient, comme des baldaquins monumentaux, les tours de
Mehun rappelaient que la fantaisie du duc s'exprimait dans la prolifération
des éléments de décor en un sentiment profond du merveilleux". (2)
Éléments protégés MH : le château d'Amboise en totalité : classement par
liste de 1840.
château d'Amboise 37400 Amboise, ouvert au public tous les jours à
l'exception du 1er Janvier et du 25 Décembre. Visites du 2 janvier au 28
février et du 16 novembre au 31 janvier de 9h à 12h 30 et de 14h à 16h 45,
du 1er février au 28 février 9h à 12h 30 et de 13h 30 à 17h. Du 1er avril au
30 juin de 9h à 18h 30, du 1er mars au 31 mars et du 02 novembre au
15novembre de 9h à 17h 30, du 1er juillet au 31 août de 9h à 19h, du 1er
septembre au au 1er novembre de 9h à 18h.
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Nous remercions M. Vincent Tournaire du site
http://webtournaire.com/paramoteurparapente.htm,
pour les photos aériennes qu'il nous a adressées. (photos interdites à la
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d'Indre-et-Loire" tous les châteaux répertoriés à ce
jour dans ce département. |
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